Pascal Massiot (Radio Jet FM) : Échapper au risque insidieux de l’autocensure

Si l’on doit toujours rendre des comptes, il faut s’abstraire des injonctions politiques, économiques et religieuses.

Pascal Massiot  • 8 novembre 2017 abonné·es
Pascal Massiot (Radio Jet FM) : Échapper au risque insidieux de l’autocensure
© photo : DR

Quand on se saisit du terme « indépendance » (ou « alternatif »), s’agissant des médias, nul doute qu’il faille prendre des pincettes et des binocles pour regarder cette question au plus près et éviter d’enfoncer des portes ouvertes.

D’aucuns prétendront que l’indépendance n’existe pas – dans la sphère des médias, en tout cas. Ils sont, pour la plupart, soit un objet aux mains de leur propriétaire (version courante), soit la propriété de leurs lecteurs (plus rare). Ils auront tous des comptes à rendre, qui à celui qui les possède, qui à celui qui les lit, écoute, regarde. Or, l’indépendance poursuit un horizon, celui de la liberté. Elle porte en elle une exigence absolue, celle d’un média sans allégeances.

Pour une radio associative, structure que je connais bien, ancrée solidement sur son territoire mais fragile quant à ses moyens, l’indépendance peut comporter des risques. Pas tant celui d’une coupe budgétaire de la part d’une collectivité publique qui n’aurait pas apprécié les temps d’antenne proposés à des opposants à un projet d’aéroport dans l’ouest de la France, par exemple, que celui de l’insidieuse autocensure que cette même radio pourrait opérer sur ce sujet.

L’indépendance médiatique, c’est s’abstraire des pressions politiques, de la loi du marché, des injonctions religieuses. C’est affirmer une autonomie de la pensée qui ambitionne de tisser des liens qui libèrent. Tout comme la liberté de penser, l’indépendance des médias ou de toute chose ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

Pascal Massiot Rédacteur en chef de Radio Jet FM.

Médias
Temps de lecture : 2 minutes