Violences faites aux femmes : Des annonces, mais quels moyens ?
Si les mesures annoncées par Emmanuel Macron ont été saluées, elles ont aussi été jugées peu réalistes.
dans l’hebdo N° 1480 Acheter ce numéro
Il était attendu au tournant. Vingt-quatre heures avant qu’Emmanuel Macron annonce ses mesures en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, les militantes et associations féministes l’avaient interpellé sous le slogan #SoyezAuRDV. Ce 25 novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le Président a misé sur le solennel. La cérémonie a commencé par une minute de silence en mémoire des 126 femmes tuées par leur conjoint (ancien ou actuel) en 2016, avant que le chef de l’État détaille ses trois priorités pour le quinquennat. Reprenant le vocabulaire des associations féministes, il a privilégié « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », « un meilleur accompagnement des victimes » et « le renforcement de l’arsenal répressif ».
Certaines propositions répondent aux revendications des militantes, notamment la fixation à 15 ans de l’âge minimal de consentement à un acte sexuel, ou encore la formation des fonctionnaires afin de les sensibiliser au sexisme.
Si les mesures annoncées ont été saluées, elles ont aussi été jugées peu réalistes, car les moyens nécessaires à leur mise en œuvre restent flous. Alors qu’Emmanuel Macron se vante de porter le budget du secrétariat d’État chargé de l’Égalité femmes-hommes à son plus haut niveau, 30 millions d’euros, la militante Caroline De Haas rappelle que ce même budget s’élevait à 29,81 millions l’année dernière ! En bref : il atteint le même niveau qu’en 2016, cette augmentation venant juste pallier la diminution de ses moyens en 2017.
Autre élément de communication mis en avant : l’augmentation du budget interministériel, qui passe de 397 millions d’euros à 420 millions (dont 15 % concernent la lutte effective contre les violences faites aux femmes). Une hausse insuffisante pour financer les mesures annoncées par le Président, estiment les associations. Et qui paraît d’autant plus ridicule face aux efforts de l’Espagne (1 milliard d’euros sur cinq ans) ou du Canada (700 000 euros consacrés aux seules associations).
Laure Salmona, co-initiatrice de #SoyezAuRDV, a dénoncé sur France Info le manque de moyens, estimant que ces annonces « font reposer la responsabilité sur la société civile, sur les associations de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont exténuées et n’ont pas assez de subventions pour fonctionner correctement ». Pour les associations, la réponse est nette : le Président n’était pas au rendez-vous.