Catalogne : Le casse-tête s’aggrave
Le renouvellement de l’exécutif local, censé casser la dynamique indépendantiste, conclut une campagne hors du commun.
Quelle vérité politique, au sortir des urnes catalanes, le 21 décembre, sinon un degré de plus dans une confusion déjà extrême ? Le renouvellement de l’exécutif local, décidé par Madrid pour casser la dynamique indépendantiste d’octobre dernier, conclut une campagne hors du commun. L’un des favoris, Oriol Junqueras (ERC, gauche indépendantiste), est en prison pour « rébellion, sédition et malversation » (il a participé à la tentative de sécession), et n’a droit qu’à dix coups de téléphone de cinq minutes par semaine. L’autre indépendantiste de poids, le président catalan destitué, Carles Puigdemont (Junts per Catalunya, centre droit), est exilé à Bruxelles, promis à l’arrestation s’il franchit la frontière.
Alors que ce dernier a perdu du crédit, cette mouvance (qui comprend aussi la petite CUP anticapitaliste) part aux urnes en ordre dispersé. La somme des sièges des trois pôles pourrait cependant lui préserver une très courte majorité absolue. Mais les anti-sécession seront proches, en particulier grâce à la percée de Ciudadanos (centre-droit), mené par la jeune Ines Arrimadas, au profil très « macronien ». Et tout se complique avec les hypothèses d’alliances (configuration la plus plausible). Car l’étiquetage gauche-droite le cède au clivage indépendantiste : le PS local est aussi unioniste que Ciudadanos et le PP (droite) du Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy.
La clé, c’est peut-être la dernière pièce du puzzle catalan : Ada Colau, influente maire de Barcelone. Avec Catalunya en comú-Podem, qui inclut la branche locale de Podemos, elle souhaite un référendum d’autodétermination, mais « légal »… et non prévu par la Constitution espagnole.
Crédité de 9 sièges (sur 135), ce petit pôle de gauche penche plus naturellement vers les indépendantistes et pourrait leur imposer une ligne moins radicale en échange de son appui pour gouverner la région.