Macron : Ce qu’il reste des annonces
Les mesures sociales du gouvernement ont été délestées des propositions de campagne les plus spectaculaires.
dans l’hebdo N° 1488 Acheter ce numéro
Emmanuel Macron voulait « créer des droits nouveaux en ouvrant l’assurance chômage aux indépendants et aux démissionnaires tous les cinq ans », en guise de contrepartie à la réforme du code du travail. Mais ces ambitions se sont considérablement rétrécies.
Tout d’abord, les démissionnaires peuvent déjà demander une allocation-chômage dans 15 cas définis par la loi (70 000 bénéficiaires par an), et le gouvernement n’entend pas changer de modèle pour ne pas créer d’effet d’aubaine. Ensuite, l’ouverture des droits aux indépendants fait l’unanimité contre elle côté syndical, où l’on craint que cela n’aboutisse au mieux à un régime à deux vitesses (avec une base forfaitaire au ras des pâquerettes), au pire à une baisse généralisée des allocations. Option déjà écartée par le gouvernement, qui a laissé entendre qu’il pourrait taxer davantage les plateformes du type Uber ou Deliveroo pour financer un régime spécial. Les syndicats sont aussi censés plancher sur une indemnisation chômage « plus courte » et une allocation « plafonnée » pour les indépendants, qu’ils sont nombreux à rejeter.
La bagarre risque d’être encore plus houleuse sur la question du contrôle des chômeurs. Alors que Pôle emploi va perdre 297 postes de conseillers en 2018 à cause des restrictions budgétaires, le gouvernement pourrait multiplier par 5 le nombre de contrôleurs (aujourd’hui 215) et revoir l’échelle des sanctions. Les chiffres de Pôle emploi montrent pourtant que les offres non pourvues faute de candidat se chiffrent à seulement 150 000 (soit 4,7 % des offres déposées) et que les contrôles donnent des résultats plus que mitigés (14 % des chômeurs contrôlés pris en défaut de recherche, dont deux tiers concernant des chômeurs en fin de droits). Les syndicats n’ont pas été invités à négocier sur ce point, mais tous se montrent vigilants sur une éventuelle redéfinition des offres « raisonnables » d’emploi, dont le refus répété entraîne une radiation. Un durcissement de cette loi héritée de Dominique de Villepin serait une ligne rouge pour plusieurs confédérations de salariés.
Enfin, le gouvernement veut injecter 15 milliards d’euros dans la formation professionnelle et instaurer un système de labélisation des organismes de formation, pour supprimer les intermédiaires. La CGT défend, elle, l’efficacité des organismes publics (Afpa, Greta et Cnam), qu’elle craint de voir affaiblis. FO redoute de son côté la disparition du congé individuel de formation, un outil de reconversion professionnelle qui sera fusionné avec le compte personnel de formation. Une loi « trois en un » (formation professionnelle, apprentissage et assurance chômage) sera présentée au printemps, en tenant compte, ou pas, de l’issue des négociations paritaires.