Macron (tout) contre l’extrême droite
Le macronisme régnant – décidément un orwellisme – est coutumier de sinistres enfumages.
dans l’hebdo N° 1486 Acheter ce numéro
Emmanuel Macron, chef de l’État français, recevait ce 12 janvier, dans son Élysée, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui vient, chez lui, de confier à des fafs plusieurs ministères stratégiques, dont ceux – excusez du peu – des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur.
À l’issue de leur déjeuner, MM. Macron et Kurz ont fait une « déclaration conjointe », où le premier, après avoir préambulement [1] remercié le « cher Sebastian » d’avoir « choisi la France » pour son « premier voyage officiel à l’étranger [2] », a proclamé, je cite : « Je combats l’extrême droite en France, et je la déplore partout en Europe. »
Et, bien sûr, il s’agissait une fois de plus de l’un, ô combien sinistre, de ces enfumages dont le macronisme régnant – décidément un orwellisme – est désormais si coutumier.
Car, en vérité – il faut y insister et y revenir aussi souvent que perdureront ces tromperies, car celles et ceux qui les profèrent nous engagent, sous leur couvert, dans des vilenies d’une indignité jamais vue –, M. Macron, loin de la combattre, valide évidemment, par son approbation de ce que Le Monde [3] a très justement appelé « une politique migratoire d’une dureté sans précédent [4] », la xénophobie de l’extrême droite.
Tout récemment, le New York Times relevait ainsi, dans un éditorial au vitriol : « Le nouveau chancelier autrichien a distribué des ministères stratégiques à un parti anti-migrants et anti-musulmans fondé par d’ex-nazis. […] De nombreux pays européens, comme la Pologne et la Hongrie, sont déjà dirigés par des gouvernements de droite anti-migrants […]. M. Kurz veut aller plus loin encore et accélérer les expulsions : “Arrêter les clandestins et les renvoyer dans leur pays d’origine doit devenir une procédure standard”, a-t-il écrit. Cette position n’est pas différente de celle du gouvernement d’Emmanuel Macron, qui annonçait le même jour son intention d’accélérer les expulsions de recalés du droit d’asile. »
Mais le plus bel hommage au combat d’Emmanuel Macron contre l’extrême droite est venu de Louis Aliot, du Front national, qui a de son côté constaté que « la politique d’immigration » du président français était celle-là même que son propre parti « défend depuis trente ans » : fermez le ban.
[1] Quoi ?
[2] C’est aussi par ses gargarismes que M. Macron se révèle pleinement pour ce qu’il est.
[3] Qui ne publie donc pas que des sottises – mais qui, tout de même, en imprime ces temps-ci de très offensantes, comme, la semaine dernière, la tribune spécialement dégueulasse dont les signataires, parmi qui figurait comme on sait, non loin de la journaliste réactionnaire Élisabeth Lévy, l’actrice Catherine Deneuve, défendaient la « liberté », pour les hommes, « d’importuner » les femmes, et enjoignait à ces dernières de ne pas se formaliser à l’excès d’être éventuellement prises pour proies par un « frotteur dans le métro ».
[4] Dont ce cauteleux président délègue la mise en œuvre à son fidèle Collomb – lequel semble quant à lui s’épanouir complètement dans cette exécution, mais dit cependant, selon Le Parisien, « en avoir marre d’être vu comme “le facho de service” ».
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.