Asile : le « cas de conscience » de députés LREM
Le projet de loi sur l’application du régime d’asile européen suscite des interrogations jusque dans la majorité à l’Assemblée nationale, après son durcissement par le Sénat.
Ce projet me pose un vrai cas de conscience », s’épanche la députée LREM de l’Isère Émilie Chalas, ce mardi lors du débat en commission des lois sur le projet de loi sur l’application du régime d’asile européen. Il faut dire qu’en première lecture, le 7 décembre, ce texte déposé en urgence par le groupe des Constructifs en octobre pour combler un vide juridique, ne faisait déjà pas l’unanimité chez les macroniens. Cinq des trente-quatre députés LREM présents avaient voté contre. Or le texte vient d’être nettement durci par le Sénat. Le délai de recours pour les migrants transférés dans un autre pays pour déposer une demande d’asile est raccourci de 15 à 7 jours et la rétention est prévue pour les migrants soupçonnés de mentir sur leur parcours ou leur situation familiale.
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Le bon sens, le pragmatisme et l’efficacité
« Sur le fond, j’ai des doutes. Mais le bon sens, le pragmatisme et l’efficacité que doit tenir notre majorité, [font que] je voterai conforme, ce texte », conclut pourtant Émilie Chalas. Elle suit ainsi, avec d’autres députés de la majorité désappointés, la consigne donnée par leur groupe parlementaire, qui souhaitait que le texte ne soit pas modifié afin d’éviter une nouvelle navette parlementaire. Prière d’attendre l’examen du texte sur l’asile et l’immigration, au printemps, pour les cas de conscience.
« Je tenais un peu solennellement à dire que nous serons particulièrement vigilants à ce que les échanges que nous allons avoir dans [cette] loi permettent d’arriver à un dispositif global, équilibré, pour permettre un accueil digne et humain », s’est confondu le député LREM Mathieu Orphelin, en supprimant les amendements qu’il avait lui-même déposés pour revenir sur les modifications adoptées au Sénat.
Un avant-goût des débats à venir qui s’annoncent houleux, note LCP, qui a repéré la séquence (à visionner aussi en haut de cette page). Cette scène n’est pas non plus sans rappeler les divergences d’approche apparues spectaculairement le 19 décembre lors d’une banale séance de questions d’actualité au gouvernement.
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