« Bravo virtuose », Lévon Misanian : En mineur supérieur
Avec Bravo virtuose, Lévon Misanian met brillamment en scène un polar burlesque.
dans l’hebdo N° 1490 Acheter ce numéro
Voilà un formidable film d’action drolatique ! Pourtant, dans la première séquence, Alik (Samvel Tadevosian), un jeune Arménien, musicien hors pair, évoque le souvenir de ses parents. Ils ont été assassinés il y a longtemps dans des circonstances tragiques. Mais Lévon Minasian, dont Bravo virtuose est le premier long métrage, ne nous entraîne pas dans une réflexion sur l’histoire heurtée de l’Arménie. Si les drames qu’a connus le pays et ses problèmes actuels sont présents, ils demeurent en toile de fond. Quoique imprégnée de la réalité arménienne – avec, notamment, ses mafias instituées en baronnies –, l’action pourrait presque aussi bien se dérouler à Marseille.
Alik, à la recherche d’argent pour financer son orchestre de musique classique, tombe accidentellement sur une enveloppe contenant des liasses de billets et un revolver. Il se retrouve ainsi embringué dans une histoire de tueurs à gages lui donnant l’opportunité de rassembler des financements confortables mais aussi… de se faire tuer. Sur sa route, il rencontre Lara (Maria Akhmetzyanova), vamp punk de son âge, dont le père est un vrai gros méchant. Elle désire s’en émanciper, et ce beau jeune homme qu’est Alik tombe à pic. Les deux tourtereaux vont vivre un amour romantique entre force coups de poing et règlements de comptes.
Bravo virtuose est un bijou de mise en scène. Là où certains accumulent les exploits auteuristes et prétentieux, Lévon Misanian préfère la légèreté, l’élégance et la fantaisie, le référencé (aux classiques américains) et l’imagination (ces scènes en cinéma d’animation qui touchent à la poésie visuelle). Le cinéaste redonne leurs lettres de noblesse à des mots galvaudés et pourtant précieux : la série B, le divertissement. Bravo l’artiste !
Bravo virtuose, Lévon Misanian, 1 h 30.