Dix ans après, le Kosovo en quête d’avenir
La situation du petit État à majorité albanaise, dernier né des nations européennes, reste un concentré des problèmes non résolus de cette « poudrière des Balkans ».
dans l’hebdo N° 1491 Acheter ce numéro
On s’habitue facilement aux silences trompeurs qui suivent la fin de certaines hostilités. À s’arrêter sur l’anniversaire des dix ans d’existence du Kosovo, dernière née des nations européennes, on aurait voulu constater que les choses rentraient peu ou prou dans l’ordre dans la région, après les terribles éruptions consécutives à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Hélas, on en est encore loin. Et la situation du petit État à majorité albanaise reste un concentré des problèmes non résolus de cette « poudrière des Balkans », appellation toujours pas remisée.
Jeune Kosovo, par sa démographie aussi, fragile, traversé de tensions, pétri de contradictions, cible de convoitises. Comme chez plusieurs de ses voisins, la mosaïque des populations entretient des conflits « imbriqués », casse-tête parce que les puissances tutélaires régionales – Serbie, Croatie, Albanie – et internationales – Union européenne (UE) principalement – s’évertuent à forcer des solutions qui ont montré leur inadéquation. D’un côté, la vieille recette de l’État-nation centralisateur, en permanence tenté d’imposer aux minorités la loi de la population majoritaire (et qui a justifié les nettoyages ethniques pendant les guerres de l’ex-Yougoslavie) ; de l’autre, la recette pseudo-moderne du libéralisme économique poussée par l’UE, le FMI et la Banque mondiale, ravageuse des protections sociales dont bénéficiaient ces populations. La jeunesse, en particulier, connaît de très forts taux de chômage et rêve « d’Europe ». Laquelle, en retour, ne rêve pas de cette jeunesse habitée par des démons sécuritaires qui lui commandent le repli. Avoir 20 ans au Kosovo en 2018, ce n’est pas avoir l’avenir devant soi.
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