Catalogne : Madrid s’enferre dans la répression
En trois jours, le pouvoir central a ainsi décapité le mouvement indépendantiste, avec des chefs d’accusation d’une gravité extrême
Dans le conflit qui l’oppose à la Catalogne, Madrid a clairement choisi l’escalade. L’arrestation de Carles Puigdemont par la police allemande à la frontière avec le Danemark, dimanche, en application d’un mandat d’arrêt international, en est le symptôme le plus flagrant. Vendredi, à la veille d’une réunion du Parlement catalan, convoqué pour élire le président de son exécutif, le juge de la Cour suprême espagnole a subitement relancé les poursuites contre treize dirigeants séparatistes. Cinq d’entre eux, dont le candidat à cette présidence, Jordi Turull, étaient interpellés illico et accusés d’avoir organisé le référendum d’autodétermination du 27 octobre, considéré par Madrid comme une tentative de sécession, interdite par la Constitution. Ils ont rejoint en prison quatre autres responsables indépendantistes, dont l’ancien vice-président Oriol Junqueras, incarcéré depuis le 2 novembre. En trois jours, le pouvoir central a ainsi décapité le mouvement indépendantiste, avec des chefs d’accusation d’une gravité extrême et la menace de condamnations allant jusqu’à 30 ans de prison. Et suscité en retour des manifestations de protestation qui ont fait des dizaines de blessés.
Il n’est pas acceptable qu’un pays de l’UE réprime ainsi l’aspiration d’un peuple exprimée démocratiquement et enferme ses opposants. Voilà ce que les dirigeants européens devraient dire à Mariano Rajoy, s’ils n’étaient pas convaincus eux-mêmes que la Constitution espagnole doit être appliquée dans toute sa rigueur, comme les traités européens hors desquels, nous a expliqué un jour Jean-Claude Juncker, « il ne peut y avoir de choix démocratique ».
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