Enfants en centres de rétention : que cesse cette pratique indigne

Des artistes et universitaires signent un appel aux parlementaires français pour les interpeller sur la pratique indigne de l’enfermement d’enfants.

Collectif  • 13 mars 2018
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Enfants en centres de rétention : que cesse cette pratique indigne
© photo : BERTRAND LANGLOIS / AFP

Mesdames, Messieurs les parlementaires,

Dans le cadre du projet de loi « asile, immigration » sur lequel vous allez être conduits à vous prononcer, nous tenons à vous interpeller sur la pratique indigne de notre pays que constitue l’enfermement d’enfants en centres de rétention.

Alors que nul n’ignore les conséquences désastreuses de ces placements entre murs et barbelés pour des enfants aux conditions de vie déjà très difficiles, alors que la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France à plusieurs reprises pour ces « traitements inhumains et dégradants », éminemment contraires à l’intérêt des enfants, alors que le Défenseur des droits rappelle régulièrement son opposition ferme à cette pratique, nous ne pouvons que constater l’absence de volonté politique d’y mettre fin.

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Comme l’a rappelé la Cimade, en 2017, ce sont ainsi plus de 300 enfants qui ont été enfermés en métropole, confirmant une augmentation continue de ces placements depuis 2014.

Si les appels citoyens et la pétition de la Cimade – qui a recueilli plus de 100 0000 signatures –, n’ont pas eu gain de cause auprès du président de la République et du gouvernement, rien ne vous empêche, comme parlementaires, de présenter et de soutenir un amendement interdisant ces placements indignes de notre pays car des alternatives existent.

Sans cet amendement d’interdiction, des enfants non seulement continueront à subir cette expérience très traumatisante quelle que soit sa durée, mais ils la subiront même potentiellement plus longtemps, le projet de loi ne prévoyant pas d’exception à l’augmentation de la durée maximale de rétention.

Avec cet amendement, vous empêcherez que le sort d’enfants ne soit aggravé par une pratique incompatible avec toute revendication d’humanisme. Nous comptons sur chacune et chacun d’entre vous.

Signataires : Béatrice Camurat-Jaud (actrice et productrice), Patrick Chamoiseau (écrivain), Martine Chantecaille (professeure de philosophie), Guillaume DUVAL (économiste), Cynthia Fleury (philosophe et psychanalyste) , Florent Gueguen (Directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité), Axel Kahn (médecin-généticien), Ariane Mnouchkine (metteuse en scène, réalisatrice et scénariste, fondatrice du Théâtre du Soleil), Dominique Méda (sociologue), Christian Salmon (écrivain et chercheur au CNRS), Frédéric Sawicki (professeur de science politique Paris 1) Serge Slama (professeur de droit public Université de Grenoble), Catherine Withol de Wenden (directrice de recherche au CNRS)

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Tribunes

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