Forum social mondial : place aux femmes
Le 13e Forum social mondial (FSM) qui vient de s’ouvrir à Salvador (Brésil) annonce fièrement ses couleurs : noir, jeune et surtout féminin.
Jamais vu depuis le premier FSM, lancé en 2001 à Porto Alegre (Brésil) : que des femmes, ou presque à la tribune de la conférence de presse de lancement ! Au 13e Forum social mondial (13-17 mars) qui vient de s’ouvrir à Salvador (Brésil), la ville la plus « noire » du Brésil, elles mettent les pieds dans le plat sans détour. « Femmes, LGBT, Noirs, jeunes : nous vivons toujours l’oppression, et depuis le début de l’histoire de l’humanité », assène Mariana Dias, présidente de l’Union nationale des étudiants du Brésil. Les mots, parfois excessifs, disent la rage. « Jeunes et noires : la probabilité de mourir est la plus forte pour nous. C’est un génocide… Oui, un génocide ! », appuie Liz, jeune technicienne.
Soukinatou Ouedraogo, secrétaire générale de l’Association de défense des aides-ménagères et domestiques (Burkina Faso) se dit « fière de porter la parole de milliers de filles qui subissent des violences au quotidien. Nous avons beaucoup à vous dire ».
« Résister, c’est créer ; résister, c’est transformer ! », affirme le slogan du FSM. Dans une société civile brésilienne et mondiale au creux de la vague, accrochée à ses convictions, Rita Freire lui donne un sens d’espoir. « Non pas résister pour conserver le statu quo, mais pour montrer que nous prenons déjà des voies alternatives. » Illustration : les médias brésiliens (sans parler des autres) sont pour l’essentiel absents. Il faudra compter sur les réseaux sociaux.
La marche d’ouverture, partie de la place Campo Grande, engorge la place Castro Alves, au pied de la ville historique. Le cortège, étiré jusqu’au coucher du soleil sur l’immense baie de Tous les Saints, regroupait près de 50 000 personnes, selon Damien Hazard, de l’Association des ONG du Brésil (Abong). Défenseuses des droits, syndicalistes, indigènes, Noires des périphéries, artistes, les femmes occupent massivement la rue. « La liberté, c’est ne pas avoir peur », lit-on sur un panonceau. « Au Brésil, elles sont partout et dans tous les secteurs à la pointe de la résistance », commente le sociologue Cândido Grzybowski.
Et puis il y a Lula, en effigie, sur les banderoles : « Sans lui, c’est une arnaque ! » L’ancien président de la République, auréolé pour toujours chez les plus modestes de ce qu’il a fait pour sortir 40 millions d’entre eux de la pauvreté, est de retour sur la scène politique pour la présidentielle d’octobre prochain. Il pourrait bien ne pas aller jusqu’au bout, traqué par une justice au service d’une droite revancharde qui l’accuse, sans preuve, de corruption. Lula a prévu de tenir jeudi un spectaculaire meeting, dans un stade de Salvador : plusieurs ex-dirigeants latino-américains de gauche ont été invités.
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Les organisateurs attendent au moins 60 000 personnes pour le début des débats et mobilisations du FSM, qui se tiendront principalement à Ondina, sur le campus de l’université fédérale de Bahia.
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