La faute morale du président du Crif
Francis Kalifat a prétendu d’interdire à Jean-Luc Mélenchon de participer à la marche blanche organisée mercredi soir en mémoire de Mireille Knoll.
Ainsi donc, le président du Crif, Francis Kalifat, s’est arrogé le droit – fort heureusement en vain – d’interdire à Jean-Luc Mélenchon de participer à la marche blanche organisée mercredi soir en mémoire de Mireille Knoll, cette femme de 85 ans victime d’un crime antisémite. C’est une faute morale d’une extrême gravité. Et cela pour plusieurs raisons que l’on a honte de devoir lui rappeler ici. D’abord parce qu’en cet instant, le principe même d’une discrimination est détestable. Tout comme le scandaleux amalgame qu’il pratique entre la France insoumise et le Front national, c’est-à-dire entre un mouvement et un homme irréprochables dans le combat contre l’antisémitisme, et un parti d’extrême droite dont le fondateur s’est rendu plusieurs fois coupable de ce délit.
Mais une autre raison suscite notre indignation, et nous inquiète. Le président du Crif croit pouvoir justifier sa sentence par les positions critiques exprimées par la France insoumise et son leader à l’encontre de la politique israélienne. Ce faisant, il n’hésite pas à créer la confusion à l’heure d’une manifestation qui eût exigé une totale clarté. En même temps que d’interdire à ceux qui lui déplaisent le droit de dénoncer un crime antisémite, M. Kalifat veut interdire toute critique de la politique israélienne. Il veut utiliser la circonstance tragique de la mort d’une femme qui, terrible ironie de l’histoire, avait échappé à la rafle du Vel d’Hiv, pour réduire au silence les opposants à la politique du gouvernement israélien. Est-il conscient qu’en agissant ainsi, il prend le risque d’identifier la communauté juive de France à une politique coloniale menée par le gouvernement le plus à droite qu’ait jamais connu Israël ? M. Kalifat devrait mesurer que la confusion qu’il entretient est le plus redoutable ferment d’antisémitisme. On se doit de lui rappeler ici qu’il préside le Crif, c’est-à-dire une association qui n’a pas l’exclusivité de la représentation des juifs de France, et qui, en tout état de cause, n’a pas vocation à défendre une politique israélienne précisément coupable de racisme.
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