Nucléaire : Avant qu’il ne soit trop tard…
Des militants associatifs et politiques exigent l’arrêt des nucléaires civil et militaire, car ils constituent des dangers de même nature.
dans l’hebdo N° 1495 Acheter ce numéro
Le moment est venu de faire converger celles et ceux qui luttent depuis des décennies contre les armes nucléaires et celles et ceux qui combattent avec la même ardeur les centrales nucléaires.
Jusqu’ici, la bombe atomique a généré beaucoup de victimes au sein des pays qui la détiennent, ce qui en fait une nouveauté dans l’histoire de l’armement. Mais l’explosion de seulement 0,3 % du stock mondial de têtes nucléaires suffirait pour imposer un « hiver nucléaire » qui éradiquerait toute vie sur Terre. Par conséquent, envisager d’utiliser la bombe est toujours aussi inconcevable, alors que Trump relance la course aux armements nucléaires et que les armes dites préstratégiques et tactiques s’ajoutent aux armes stratégiques censées hier garantir la paix par l’équilibre dans la terreur. La France compte plus de 300 têtes nucléaires, équivalentes à 3 000 Hiroshima. Cette nouvelle « ligne Maginot » coûte 4 milliards d’euros chaque année à la France, qui pourraient être utilisés pour satisfaire les besoins essentiels de la population.
Du côté du nucléaire civil, nous assistons à une prolifération des catastrophes (URSS en 1957 et en 1986, États-Unis en 1979, Japon en 2011, etc.) et à une quasi-faillite de cette industrie en France. Areva n’existe plus, cette entreprise avait une dette presque aussi élevée que son chiffre d’affaires ; EDF s’apprête à consacrer 75 % de ses investissements à la construction de réacteurs EPR dont on ne sait pas encore s’ils vont pouvoir fonctionner. Ceux en construction ont vu leur coût multiplié par trois. On découvre des falsifications dans la fabrication des cuves remontant à 1965. La confiance s’émousse…
Le comble, c’est que le nucléaire a été lancé sans qu’on ait réfléchi à la totalité du cycle. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui on découvre qu’il nous a légué des problèmes insolubles : le démantèlement, qui ne peut être fait dans des conditions de sécurité suffisantes pour les travailleurs, ni en totalité, car le « retour à l’herbe » est aujourd’hui un mythe, mais surtout le traitement des déchets. Ainsi, dans le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire de 2017, nous apprenons que 18 % des déchets de moyenne activité risqueraient de provoquer des incendies (à cause de l’enrobage bitumé) en cas de stockage dans le centre d’enfouissement de Bure, et ainsi libérer de l’hydrogène radioactif, en plus des autres problèmes liés à la durée de vie des déchets.
Après l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, une lueur d’espoir apparaît, celui de voir la mobilisation antinucléaire reprendre, comme c’est le cas à Bure.
Nous appelons par conséquent à réagir avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’une catastrophe nucléaire majeure ne se produise en France, avant qu’un attentat ne détruise les « piscines » nucléaires où sont entreposés les déchets, avant que les eaux servant à refroidir les réacteurs ne soient trop polluées, avant que la faillite du nucléaire ne jette à la rue des centaines de milliers de personnes travaillant dans cette industrie, avant que le complexe politico-militaire ne décide d’utiliser des armes nucléaires quel qu’en soit le type.
Nous exigeons donc l’arrêt des nucléaires civil et militaire.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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