Nucléaire : Avant qu’il ne soit trop tard…

Des militants associatifs et politiques exigent l’arrêt des nucléaires civil et militaire, car ils constituent des dangers de même nature.

Paul Ariès  • 21 mars 2018
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Nucléaire : Avant qu’il ne soit trop tard…
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le moment est venu de faire converger celles et ceux qui luttent depuis des décennies contre les armes nucléaires et celles et ceux qui combattent avec la même ardeur les centrales nucléaires.

Signataires : Paul Ariès (politologue, rédacteur en chef de la revue Les Zindigné.e.s), Jean-Luc Pasquinet (Décroissance-IDF, ADN), Gabriel Amard (coanimateur du pôle Atelier des lois de la FI), Christine Bergé (anthropologue), Bruno Boussagol (Brut de béton Productions), Kolin Kobayashi (Écho-échanges), Stéphane Lhomme (Observatoire du nucléaire), Mathilde Panot (députée FI du Val-de-Marne), Pierre Péguin (Chang, ADN), Dominique Lalanne (Abolition des armes nucléaires-Maison de vigilance), Dominique Malvaud (Stop nucléaire 26-07), Mouvement pour une alternative non-violente, Jean-Marie Mataigne (ACDN), Christine Poupin (NPA), Philippe Poutou (NPA). Pour soutenir cet appel : stopnucleaires.canalblog.com
Du côté du nucléaire militaire, la récente crise en Corée, le chaos qui s’installe à la suite des guerres en Libye et au Moyen-Orient, avec ses déplacements de populations, et, de façon générale, l’augmentation du nombre de réfugiés, l’aggravation des crises écologiques liées à notre société productiviste et industrielle, la disparition de la biodiversité, le stress hydrique dans de nombreux pays sur la planète, etc., toutes ces tensions augmentent le risque de nous faire revenir aux pires heures de la guerre froide, lorsqu’une déflagration nucléaire était ressentie comme possible.

Jusqu’ici, la bombe atomique a généré beaucoup de victimes au sein des pays qui la détiennent, ce qui en fait une nouveauté dans l’histoire de l’armement. Mais l’explosion de seulement 0,3 % du stock mondial de têtes nucléaires suffirait pour imposer un « hiver nucléaire » qui éradiquerait toute vie sur Terre. Par conséquent, envisager d’utiliser la bombe est toujours aussi inconcevable, alors que Trump relance la course aux armements nucléaires et que les armes dites préstratégiques et tactiques s’ajoutent aux armes stratégiques censées hier garantir la paix par l’équilibre dans la terreur. La France compte plus de 300 têtes nucléaires, équivalentes à 3 000 Hiroshima. Cette nouvelle « ligne Maginot » coûte 4 milliards d’euros chaque année à la France, qui pourraient être utilisés pour satisfaire les besoins essentiels de la population.

Du côté du nucléaire civil, nous assistons à une prolifération des catastrophes (URSS en 1957 et en 1986, États-Unis en 1979, Japon en 2011, etc.) et à une quasi-faillite de cette industrie en France. Areva n’existe plus, cette entreprise avait une dette presque aussi élevée que son chiffre d’affaires ; EDF s’apprête à consacrer 75 % de ses investissements à la construction de réacteurs EPR dont on ne sait pas encore s’ils vont pouvoir fonctionner. Ceux en construction ont vu leur coût multiplié par trois. On découvre des falsifications dans la fabrication des cuves remontant à 1965. La confiance s’émousse…

Le comble, c’est que le nucléaire a été lancé sans qu’on ait réfléchi à la totalité du cycle. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui on découvre qu’il nous a légué des problèmes insolubles : le démantèlement, qui ne peut être fait dans des conditions de sécurité suffisantes pour les travailleurs, ni en totalité, car le « retour à l’herbe » est aujourd’hui un mythe, mais surtout le traitement des déchets. Ainsi, dans le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire de 2017, nous apprenons que 18 % des déchets de moyenne activité risqueraient de provoquer des incendies (à cause de l’enrobage bitumé) en cas de stockage dans le centre d’enfouissement de Bure, et ainsi libérer de l’hydrogène radioactif, en plus des autres problèmes liés à la durée de vie des déchets.

Après l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, une lueur d’espoir apparaît, celui de voir la mobilisation antinucléaire reprendre, comme c’est le cas à Bure.

Nous appelons par conséquent à réagir avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’une catastrophe nucléaire majeure ne se produise en France, avant qu’un attentat ne détruise les « piscines » nucléaires où sont entreposés les déchets, avant que les eaux servant à refroidir les réacteurs ne soient trop polluées, avant que la faillite du nucléaire ne jette à la rue des centaines de milliers de personnes travaillant dans cette industrie, avant que le complexe politico-militaire ne décide d’utiliser des armes nucléaires quel qu’en soit le type.

Nous exigeons donc l’arrêt des nucléaires civil et militaire.

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Tribunes

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