Pour une nouvelle alliance entre animaux, éleveurs et mangeurs !
Jean Ziegler, Paul Ariès, Carlo Petrini et Josef Zisyadis proposent dans cette tribune de repenser notre alimentation et l’élevage pour refuser le productivisme.
L’année 2018 commence par un double signal.
La famine menace à nouveau presque un milliard d’humain.
Nous ne pourrons nourrir 8 et bientôt 10 milliards d’humains que si nous choisissons d’avancer vers une alimentation bonne, saine et juste, ce qui suppose déjà de nous prémunir de deux dangers relatifs à notre alimentation carnée. Le premier danger serait de nous laisser imposer une alimentation toujours plus carnée, le second danger serait d’accepter les viandes artificielles issues des biotechnologies. Nous refusons ces deux aspects d’un même productivisme. Nous faisons, au contraire, le pari qu’il est possible de manger certes moins de viandes mais meilleures, car garantissant le bien-être animal, de bonnes conditions de travail aux éleveurs, aux salariés des abattoirs, et, le maximum de plaisir, de partage et de santé aux mangeurs.
Une alimentation moins carnée
Le piège des biotechnologies
L’autre grand danger est l’invention d’une agriculture sans élevage avec le développement de substituts industriels aux productions animale, qualifiées d’élevage « biotech ». Ces premières viandes artificielles pourraient être introduites sur le marché sous forme de carpaccio avant d’être commercialisées, dans dix ans, sous forme de morceaux produits in vitro. Cette solution présentée comme miraculeuse ne va pas sans menaces : produire de la viande artificielle entraînerait des coûts exorbitants, nécessiterait d’énormes quantités d’hormones pour favoriser la croissance et d’antibiotiques pour éviter les contaminations. Depuis le début du XXIe siècle, on ne compte plus cependant les brevets déposés pour produire de la viande soit par clonage soit en cultivant en laboratoire des cellules musculaires de poulet, de bœuf ou de porc, comme on le pratique, déjà, pour fabriquer de la fausse bière ou des faux yaourts. Les promoteurs de cette agriculture sans élevage se recrutent au sein des grandes firmes. La fondation Bill Gates soutient ainsi Beyond Meat et Hampton Greek Foods qui proposent, déjà, des ersatz de poulet sans poulet, de bœuf sans bœuf, des œufs qui n’en sont pas, etc.
L’alternative à ces deux dérives productivistes est bien d’inventer un nouveau mariage entre les humains et les animaux, les premiers donnant de bonnes conditions d’élevage et les seconds offrant leur viande, dans le respect de la chaîne alimentaire.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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