Privilégiés !

Privilégiés !

Première mutation rarement souhaitée.

Expédiés loin de chez nous.

Une lettre de mission et c’est tout.

Privilégiés !

Être séparé un an voir plus de ton conjoint.

Parfois même quand t’as des bambins…

Privilégiés !

TZR !

Souvent remplaçant en debut de carrière.

Deux trois bahuts dans la semaine pour te forger le caractère.

Privilégiés !

1 400 euros nets la première année.

Avec un bac + 5, faut pas oublier.

Et dire que l’on est jalousé.

Privilégiés !

Pas de 1% patronal pour te loger.

Cohabitation, hôtel, galère, voilà notre entrée dans le métier.

Privilégiés !

Pas de médecine du travail pour s’occuper de toi.

On en aurait pourtant besoin des fois.

Privilégiés !

Pas de comité d’entreprise pour la culture, les vacances, le logement.

Le père noël de la boîte ne vient pas voir nos enfants.

Privilégiés !

Notre mutuelle n’est pas financée.

Tu paies cher et t’es mal remboursé mais le travail c’est la santé.

Privilégiés !

Les handicaps, la tristesse, la révolte, la violence de nos élèves qu’il faut assumer.

Pas assez d’assistants, de psychologues et d’infirmières pour s’en occuper.

Du coup on le fait sans rechigner.

Privilégiés !

Tous ces profs en difficulté.

Les larmes d’un collègue en fin de journée.

C’est dur à encaisser.

Privilégiés !

La chute vertigineuse de notre pouvoir d’achat.

Gel des salaires depuis des années.

De moins en moins de jeunes sont attirés.

Privilégiés !

Les contractuels peu formés et mal payés qui remplacent les absents au pied levé.

Dans l’Éducation nationale aussi, on a de la précarité.

Privilégiés !

Un jour de carence quand t’es malade et pas de mutuelle pour compléter.

Pour s’absenter, il faut payer.

Privilégiés !

Et en grève jeudi 22 mars.

En soutien des cheminots, ces privilégiés.

Après leur statut ce sera le nôtre à n’en pas douter !