SNCF : le PCF présente ses contre-propositions et veut mobiliser les usagers

Les communistes entendent jouer un rôle majeur dans la mobilisation qui démarre jeudi 22 mars.

Pauline Graulle  • 20 mars 2018 abonnés
SNCF : le PCF présente ses contre-propositions et veut mobiliser les usagers
© Julien Mattia / NurPhoto

Contexte social oblige, rendez-vous était donné au « Terminus Nord », en face de la plus grande gare d’Europe. C’est dans cette brasserie du quartier de la gare du Nord que Pierre Laurent, le chef du Parti communiste, a détaillé, lors d’une conférence de presse, le plan de bataille du PCF dans la mobilisation qui s’annonce. Le parti, proche notamment de la CGT Cheminots, avance à son tour des contre-propositions au projet d’Emmanuel Macron. Ce dernier, inspiré du rapport Spinetta, consiste à transformer, par ordonnances, la SNCF en société anonyme, à supprimer le statut des cheminots ou à déléguer aux régions les « petites » lignes de chemin de fer.

Or cela « ne répond ni au problème de la dette, ni au problème de sous-investissement, ni au problème du sous-effectif », souligne Pierre Laurent, qui voit dans les mesures du gouvernement visant la SNCF un « parti pris idéologique ». Avec, au bout du compte, un projet qui conduira à une dégradation sans précédent du service public ferroviaire puisque « sous-traiter aux régions l’entretien des lignes secondaires » revient « à leur faire faire le sale boulot : celui de fermer les 9 000 km de lignes ».

Prêt à taux 0, nouvelles taxes…

Le PCF veut au contraire améliorer « vraiment » le rail. Et pour trouver les fonds nécessaires, il a plus d’un tour dans son sac. Comment, d’abord, financer les 3 milliards d’euros annuels que coûte la dette de la SNCF ? Le PCF propose que la dette soit reprise par la Caisse des dépôts et consignation qui finance des prêts à taux zéro, et plus généralement, qu’un fonds européen de financement des services publics soit créé. Il s’agit ensuite d’apporter un supplément de ressources immédiates à l’entreprise publique : une taxe sur les parkings d’hypermarché, la création d’un livret d’épargne Transports, la renationalisation des autoroutes, ou la « recréation » (sic) d’une écotaxe poids lourds régionale sont envisagées. Par ailleurs, le gouvernement vient de s’engager à augmenter les financements pour le Grand Paris, preuve, pour Pierre Laurent, que « quand on veut trouver les moyens, on peut ». En tout, ces nouveaux financements permettraient de trouver 6 milliards d’euros, dont la moitié pour la SNCF et l’autre pour « les investissements dans les autres types de transports ».

Enfin, le leader du Parti communiste rappelle que la mise en concurrence voulue par le gouvernement n’a rien d’une fatalité. Certes, le 4e paquet ferroviaire européen s’impose à la France. Mais, avance-t-il, les articles 4 et 5 du règlement européen Obligation de service public prévoient « l’attribution de droits exclusifs aux opérateurs de services publics » si la mise en œuvre de la concurrence désorganise le service rendu.

La « bataille du rail » est lancée

Comment convaincre le gouvernement qu’un tel plan serait possible – et souhaitable ? Le Parti communiste vise la mobilisation des usagers eux-mêmes. C’est le sens de la campagne « Mon train j’y tiens » qu’il lance du 20 mars au 3 avril – jour du début de la grève à la SNCF – dans un millier de gares. « Il y a dans le pays un très grand attachement à la couverture nationale ferroviaire, mais en même temps, les gens vivent au quotidien la dégradation des services publics », souligne Pierre Laurent, qui estime que « les usagers peuvent entendre et comprendre les arguments que l’on défend ». Si le débat public « est, de fait, interdit par le recours, une fois encore, aux ordonnances », le PCF ne désespère pas de voir se lever « un front qui transcende les clivages politiques ».

En attendant, l’ensemble des partis et mouvements de gauche, PS compris, se retrouveront dans la rue, jeudi. Un appel unitaire intitulé « Défendons les services publics ! » a été signé par 11 formations de gauche, dont Génération.s, le NPA, le PCF, le « groupe parlementaire France insoumise », le Parti de gauche ou Alternative libertaire.

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