Courrier de lecteur : un ami de Mireille Knoll témoigne
Olivier Pène critique dans cette lettre les tentatives de récupération dont a fait l’objet l’assassinat de son amie.
Mireille Knoll était notre amie, ma femme et moi devions aller chez elle samedi 24 mars, et c’est par la police que nous avons appris cet horrible assassinat accompli la veille. Je ne vais pas vous décrire dans quel état nous a mis ce crime odieux.
Je ne connaissais pas ce propos de Malek Boutih que vous citez dans le n° 1496. Il y a eu bien d’autres sottises. Cette pauvre Mireille est devenue célèbre à titre posthume. Son assassinat a été exploité par bien des rapaces. D’abord le Crif, institution non représentative des juifs de France, mais représentant accrédité de l’extrême droite israélienne ! On le sait, pour eux, critiquer la violation par Israël des droits humains, de la législation internationale, le massacre systématique de civils palestiniens, le vol de leur terre, la détention d’un palestinien sur quatre sans jugement… Critiquer cela est antisémite, disent-ils. Bien sûr c’est le contraire. Ceux qui défendent ce qu’il y a de riche dans la tradition juive, leur apport aux progrès de la pensée humaine, ce sont aujourd’hui ceux qui en Israël ou ailleurs, combattent la politique israélienne. Et j’ai constaté que parmi les survivants du génocide des juifs, la plupart ont combattu, ou s’ils vivent encore, combattent cette politique.
Macron est venu aux obsèques de Mireille Knoll sans préavis, dans le but évident de ramasser quelques votes juifs. Le consistoire de Paris était là en force. On a voulu un enterrement religieux pour Mireille qui n’avait pas vraiment de pratique religieuse. Pourquoi pas. Les kippas étaient nombreuses. Nous étions tous là pour dénoncer la haine féroce et aveugle qui a animé ces deux jeunes hommes, maintenant en prison.
Et voilà que le grand rabbin de Paris se met à citer un psaume de David. Et ce que dit ce psaume, c’est un appel à Dieu pour éliminer les mécréants ! Un appel à la haine et même à l’extermination, un appel que Daech n’aurait pas désavoué, à la seule différence que les bons croyants et les mécréants ne sont pas les mêmes. Écœurés, nous sommes partis, alors qu’un déluge s’abattait à ce moment précis sur le cimetière de Bagneux !
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