Emmanuel Macron, lisse et sans surprise sur TF1

Le chef de l’État s’est livré face à Jean-Pierre Pernaut à un exercice de pédagogie convenu destiné à rassurer l’électorat des campagnes et les retraités qui s’estiment oubliés.

Michel Soudais  • 12 avril 2018
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Emmanuel Macron, lisse et sans surprise sur TF1
© photo : YOAN VALAT / POOL / AFP

Emmanuel Macron était à la mi-journée l’invité de Jean-Pierre Pernaut sur TF1 pour une causerie d’une heure quinze dont l’objectif affiché était clairement d’apaiser les inquiétudes des Français. N’était le cadre inédit de cet échange – une école primaire modèle dans une petite commune rurale de l’Orne –, propre à fournir des images acidulées du chef de l’État, l’exercice n’a pas dérogé à la règle des entretiens présidentiels. Il aura été de bout en bout parfaitement lisse et sans réelle surprise. Hormis l’annonce, en toute fin d’émission, et à mot couvert, de la fin des opérations d’évacuation à Notre-Dame-des-Landes.

Avant d’aborder, « comme tous les jours » dans son JT de 13 heures, ce qu’il appelle « la vie quotidienne des Français », Jean-Pierre Pernaut a interrogé son hôte sur la Syrie. Emmanuel Macron, assurant avoir « la preuve qu’il y a (…) 10 jours des armes chimiques ont été utilisées, au moins du chlore, par le régime de Bachar El Assad », est resté évasif sur ce que pourrait être la riposte de la France : « Nous aurons des décisions à prendre en temps voulu quand nous le jugerons le plus utile et le plus efficace. »

Servi ensuite par les questions souriantes de son vis-à-vis, entrecoupées de micros-trottoirs, le chef de l’État s’est évertué à rassurer les téléspectateurs. Non, il n’est pas enfermé à l’Élysée et s’il donne l’impression d’aller trop vite, « c’est le monde qui va trop vite et notre pays qui depuis trop longtemps n’avait pas fait ce qui devait être fait ». Les cadeaux fiscaux qui lui valent d’être qualifié de « président des riches » ? « Une politique d’investissement », justifie-t-il. Sur la réforme de la SNCF, il promet d’« aller au bout », reprenant une expression déjà employée dimanche dans Le Parisien par son Premier ministre, Édouard Philippe, dont il reprend l’essentiel de l’argumentation. Concède avoir fait une « erreur » en présentant au salon de l’agriculture le statut des cheminots comme un privilège. Tentant de répondre au désarroi des personnels hospitaliers, il rend « hommage à tous les personnels soignants, les médecins, les infirmières, les aides soignantes, celles qui travaillent à l’hôpital et dans les Ehpad » et promet qu’il fera « à l’été » des annonces, pour mettre « plus de moyens dans l’hôpital ». Les retraités ne comprennent pas l’augmentation de la CSG ? Emmanuel Macron peine à justifier l’« effort » qu’il leur a demandé, et signe de son embarras, les « remercie » pour cela à cinq reprises.

Interrogé en toute fin d’émission sur l’opération militaire en cours à Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de « rétablir l’ordre républicain », en s’appuyant sur l’opinion publique. Avant de lâcher : « L’opération est arrivée à un point où tout ce qui était évacuable a été évacué. »

Minimisant ensuite le mouvement contre la loi réformant l’accès à l’université, il s’en est pris à ceux qui bloquent les facs, « des agitateurs professionnels », et conseille in fine aux étudiants de réviser car « il n’y aura pas d’examen en chocolat dans la République ». La formule n’est pas de nature à mettre un terme au mouvement.

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