François le petit
François Hollande fait la leçon et n’a décidément honte de rien.
dans l’hebdo N° 1499 Acheter ce numéro
François Hollande reste un mystère. Qui comprendra un jour comment et pourquoi un homme porté au pouvoir par des idées de gauche, ayant gagné, pour prolonger une histoire socialiste de la République, tous les pouvoirs démocratiques et institutionnels, comment et pourquoi cet homme, donc, a trahi les siens et (presque toutes) leurs causes ?
Tel un enfant qui a jeté son jouet dans l’eau et s’en est vu puni, il tente, dans un exercice pathétique, de miser sur l’oubli de ses propres turpitudes et explique s’être « sacrifié » pour empêcher un second tour Fillon-Le Pen (dont il avait pendant cinq ans banalisé puis légitimé certaines thèses).
Certes, il n’est pas de bilan tout noir : le mariage pour tous, par exemple, est là pour en témoigner. Mais tout de même…
Tournant le dos dès les premières semaines à l’engagement de renégocier les termes du traité européen qui instaurait la règle d’or budgétaire des 3 %, il a mis en œuvre une politique pro-patronale jamais vue avant lui. Le « pacte de responsabilité » et le CICE ont enclenché des baisses d’impôts et de cotisations patronales pour un montant total de 40 milliards d’euros. Les salaires du moment, les investissements d’avenir et la protection sociale de demain en ont pâti d’autant. Pariant avant Macron sur l’idée absurde que les « premiers de cordée » le rendront un jour, ces mesures – aussi injustes qu’irresponsables – ont été financées à l’aveugle, sans aucune exigence légale, ni en termes de moyens (salaires et formations) ni en termes de fins (choix des filières à soutenir, embauches). On a vu également par la suite, avec les lois Macron puis El Khomri, en quelle estime l’exécutif tenait les salariés et leurs droits collectifs.
Nommant un Premier ministre acquis aux obsessions identitaires, François Hollande a suivi Manuel Valls sur la pente tout aussi dangereuse des lois sécuritaires et liberticides – loi renseignement dotant l’État d’outils de surveillance dangereux ; inscription dans le droit commun d’un état d’urgence aux pouvoirs de police exorbitants… – avant de sombrer moralement avec la déchéance de nationalité.
Toute honte bue, l’ex-Président (depuis peu) et ex-socialiste (depuis longtemps) s’en prend aux frondeurs (dont j’étais), qui n’avaient pourtant cessé d’alerter, de proposer des compromis et, face à la brutalité de l’exécutif, ont choisi de suivre leur éthique de conviction plutôt qu’une discipline imbécile, consubstantielle à une Ve République dont le chef de l’État n’a cessé d’aggraver les pires tares. Quant à la « trahison » de Macron, une question éclaire le passé : qui l’a enfanté ? Qui l’a combattu ?
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