Free : des téléconseillers refusent la vente de leur centre d’appels
Devant le siège de Free à Paris, des téléconseillers de la marque manifestaient mercredi contre la cession de leur centre d’appels, qui emploie 260 personnes à Colombes.
Une soixantaine de personnes étaient réunies ce mercredi au pied du siège social d’Iliad, dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour dénoncer la cession du centre d’appels de la marque Free à Colombes. Mobipel doit être vendu au groupe Comdata, qui sous-traite les relations clients de nombreuses marques dans le monde. Une vente qui intervient au terme de quatre ans de dialogue social tendu, sur fond de gel des recrutements et de licenciements disciplinaires massifs.
Les sourires sont généreux et le rassemblement franchement jovial, malgré la déception et l’inquiétude exprimée par les salariés. Ils craignent, à court terme, de perdre les avantages négociés au sein du groupe Iliad, à commencer par les primes. Ils redoutent également que cette cession ne les conduise à plus long terme à devoir accomplir d’autres missions que le conseil des clients Free. L’accord de cession prévoit qu’ils continuent à répondre à des clients Free pour le compte de Comdata, pendant quatre ans, selon les représentants du personnel.
Arborant des tee-shirts « Je suis Mobipel », ils clament aussi leur « fier[té] d’être « Freehelpers »», comme on nomme en interne les conseillers clientèle. « C’est nous qui avons fidélisé les clients, en représentant la marque Free auprès d’eux », proclame un délégué syndical CFTC au mégaphone qui circule de main en main. SUD, la CFDT et la CGT ont aussi appelé à ce second rassemblement, qui réuni un quart environ des salariés du site.
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Ils souhaitent donc l’annulation du projet de cession, que la situation économique du groupe Iliad ne justifie pas à leurs yeux (35 % de marge Ebitda au premier semestre 2017 selon un récent rapport d’expertise comptable commandé par le comité d’entreprise).
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Le nouveau responsable des ressources humaines nommé pour gérer la vente observe la scène, depuis le trottoir opposé. Détendu lui aussi, sauf quand on lui demande un mot de commentaire : « Je n’ai rien à vous dire », rembarre-t-il, suivant la ligne que le groupe Iliad observe religieusement depuis que Politis écrit sur ses pratiques managériales.
À ses côtés, un huissier de justice consigne les faits et gestes des salariés, note les citations et prend quelques photos. Lui non plus n’a rien à déclarer, si ce n’est que ce type de mission d’observation sur des mouvements sociaux est « très fréquente ». Free a également fait appel à un huissier sur les plateaux téléphoniques pour justifier des retenues sur salaires, depuis que les cadences de travail ont diminué suite à l’annonce de la cession.
Une salariée d’Ehpad et un cheminot ont brièvement exprimés leur solidarité dans le mégaphone qui circule de main en main, sur le trottoir de la rue de la Ville-L’Évêque. Plus tôt dans l’après-midi, une délégation de la France insoumise est venue témoigner son soutien aux salariés, avant de s’éclipser en direction de l’Assemblée nationale. _« Ce n’est pas Xavier Niel qui fait vivre des milliers de salariés, ce sont des milliers de salariés qui font vivre Xavier Niel », tonne Thomas Guénolé, militant FI et politologue. Le député du Nord Adrien Quatennens, lui-même ancien téléconseiller, dénonce le « mépris de classe » vis-à-vis de ces employés qui « font un métier difficile, dans des conditions difficiles, avec des horaires difficiles ».
La consultation des instances représentatives du personnel doit s’achever le 8 juin. Le déménagement des téléconseillers dans les locaux de Comdata, à Gennevilliers, devrait intervenir dans les mois suivants. Contacté mercredi, le groupe Iliad ne souhaite pas communiquer sur le sujet, ni sur les raisons de cette externalisation de l’activité de Mobipel.
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