Syrie : Le fléau de la « ligne rouge »

Depuis dimanche, Washington, Londres et Paris multiplient les déclarations menaçantes suite aux frappes chimiques du 7 avril.

Politis  • 11 avril 2018
Partager :
Syrie : Le fléau de la « ligne rouge »
© photo : L'ambassadrice américaine au Conseil de sécurité de l'ONU, Nikki Haley, le 10 avril.Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Cette fois encore, il n’y a guère de doute sur l’origine des frappes chimiques qui, le 7 avril, ont provoqué la mort par asphyxie de dizaines d’habitants de Douma, la principale ville de la Ghouta orientale. Le régime veut liquider toute résistance dans cette zone longtemps tenue par les rebelles. En août 2013, une première attaque aux gaz toxiques avait tué 1 429 personnes, dont 426 enfants, dans la même zone. Les dénégations russo-syriennes ont d’autant moins de crédit que la Russie interdit toute enquête indépendante. Chaque fois, ces frappes chimiques ont entraîné protestations et menaces de représailles des capitales occidentales. En avril 2017, Donald Trump avait ordonné des frappes sur la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate, dans le centre du pays, après l’attaque chimique contre la localité de Khan Cheikhoun, tenue par les rebelles.

Depuis dimanche, Washington, Londres et Paris multiplient les déclarations menaçantes. Et, de l’avis de tous les observateurs, une riposte était en effet en préparation, sans que l’on en connaisse ni la nature ni l’ampleur. La question est de savoir à quoi cela sert dans la situation actuelle. Les missiles lancés par Trump sur Al-Chaayrate n’ont pas dissuadé Bachar Al-Assad de bombarder la Ghouta, y compris avec des armes chimiques. C’est l’effet pervers de cette fameuse ligne rouge inventée par Obama en 2013, qui a été interprétée par Damas comme une autorisation à massacrer avec des bombes conventionnelles. Plus que jamais, donc, l’issue est politique dans un pays traversé par de multiples conflits. Chacun dans ce chaos poursuivant son propre agenda. Les Turcs traquant les Kurdes au nord du pays, et Israël multipliant les raids contre les dépôts d’armes du Hezbollah ou les positions iraniennes, comme le 9 avril, contre l’aéroport militaire de Tiyas, utilisé par l’unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille
Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse
Analyse 17 janvier 2025

Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse

Les règles économiques et commerciales de la mondialisation ayant dominé les 50 dernières années ont déjà été fortement mises en cause. Mais l’investiture de Donald Trump va marquer une nouvelle étape. Les échanges économiques s’annoncent chaotiques, agressifs et l’objet ultime de la politique.
Par Louis Mollier-Sabet
À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire
Reportage 15 janvier 2025 abonné·es

À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire

Que reste-t-il quand un missile fauche 59 personnes d’un petit village réunies pour l’enterrement d’un soldat ? À Hroza, dans l’est de l’Ukraine, les survivants et les proches des victimes tentent de gérer le traumatisme du 5 octobre 2023.
Par Pauline Migevant