Syrie : Le fléau de la « ligne rouge »
Depuis dimanche, Washington, Londres et Paris multiplient les déclarations menaçantes suite aux frappes chimiques du 7 avril.
dans l’hebdo N° 1498 Acheter ce numéro
Cette fois encore, il n’y a guère de doute sur l’origine des frappes chimiques qui, le 7 avril, ont provoqué la mort par asphyxie de dizaines d’habitants de Douma, la principale ville de la Ghouta orientale. Le régime veut liquider toute résistance dans cette zone longtemps tenue par les rebelles. En août 2013, une première attaque aux gaz toxiques avait tué 1 429 personnes, dont 426 enfants, dans la même zone. Les dénégations russo-syriennes ont d’autant moins de crédit que la Russie interdit toute enquête indépendante. Chaque fois, ces frappes chimiques ont entraîné protestations et menaces de représailles des capitales occidentales. En avril 2017, Donald Trump avait ordonné des frappes sur la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate, dans le centre du pays, après l’attaque chimique contre la localité de Khan Cheikhoun, tenue par les rebelles.
Depuis dimanche, Washington, Londres et Paris multiplient les déclarations menaçantes. Et, de l’avis de tous les observateurs, une riposte était en effet en préparation, sans que l’on en connaisse ni la nature ni l’ampleur. La question est de savoir à quoi cela sert dans la situation actuelle. Les missiles lancés par Trump sur Al-Chaayrate n’ont pas dissuadé Bachar Al-Assad de bombarder la Ghouta, y compris avec des armes chimiques. C’est l’effet pervers de cette fameuse ligne rouge inventée par Obama en 2013, qui a été interprétée par Damas comme une autorisation à massacrer avec des bombes conventionnelles. Plus que jamais, donc, l’issue est politique dans un pays traversé par de multiples conflits. Chacun dans ce chaos poursuivant son propre agenda. Les Turcs traquant les Kurdes au nord du pays, et Israël multipliant les raids contre les dépôts d’armes du Hezbollah ou les positions iraniennes, comme le 9 avril, contre l’aéroport militaire de Tiyas, utilisé par l’unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don