Décolonisation inachevée
À Mayotte, en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie, quelle place réserve la France de la Déclaration des droits de l’homme à une culture injustement méprisée pendant plus d’un siècle, qui aspire à la reconnaissance et à l’égalité ?
dans l’hebdo N° 1504 Acheter ce numéro
En visite dans l’océan Indien le 15 mai, la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, après avoir annoncé un plan d’aide de 1,3 milliard d’euros – parce que « Mayotte manque de tout » –, concluait son speech par une question qui, dans son esprit, devait peut-être relativiser la dépense : « Quel rôle pour Mayotte dans l’axe indo-pacifique que le président de la République appelle de ses vœux ? » Car, quand l’État investit dans une de ses dépendances d’outre-mer, c’est aussi pour la « grandeur » de la France. C’est une évidence dans l’esprit de cette ministre, quand bien même elle n’a encore aucune réponse à sa propre question.
Si la France a aussi longtemps défendu son pré carré polynésien, c’est parce que ses atolls paradisiaques servaient aux essais nucléaires, comme le rappelle le député indépendantiste Moetai Brotherson. Ceux-ci étant révolus, qu’adviendra-t-il de ce territoire des antipodes maintenu dans la dépendance économique ?
Quant à la Nouvelle-Calédonie, elle hérite d’une histoire qui rappelle celle de l’Algérie : un peuple autochtone, les Kanaks, spolié aux XIXe et XXe siècles au profit d’une immigration européenne, mais qui représente aujourd’hui une part équivalente de la population de l’archipel. Si les accords de Matignon ont, depuis trente ans, apaisé les tensions qui avaient débouché sur une quasi-guerre civile et commencé à réduire les inégalités, la question demeure : quelle place réserve la France de la Déclaration des droits de l’homme à une culture injustement méprisée pendant plus d’un siècle, qui aspire à la reconnaissance et à l’égalité ?
À lire dans ce dossier :
• Pour Mayotte, l’assimilation au prix fort
• « En Polynésie, la souveraineté politique est envisageable »
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