Italie : Les « anti-système » se disputent le fromage
La Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement Cinq Étoiles (M5S) du jeune Luigi Di Maio cherchent à former un gouvernement.
dans l’hebdo N° 1503 Acheter ce numéro
La Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement Cinq Étoiles (M5S) du jeune Luigi Di Maio ont fait la campagne des législatives face à face, apparemment fortement opposées. Pourtant, un certain nombre d’affinités réciproques pourraient permettre un accord entre ces deux formations souvent présentées comme populistes et « anti-système ». Longtemps, le principal problème entre eux s’est appelé Silvio Berlusconi, avec lequel la Ligue (xénophobe, anciennement Ligue du Nord) a été alliée dès son entrée en politique, en 1994. L’un des points cardinaux du discours du M5S étant la dénonciation de la corruption et des arrangements loin des électeurs, cela empêchait a priori toute entente entre ce parti arrivé en tête le 4 mars (32 %) et la coalition de droite (37 %) regroupant principalement Forza Italia (le parti de Berlusconi), la Ligue et une formation ouvertement néofasciste.
Ces derniers jours, sur pression de la Ligue, Berlusconi a accepté de se mettre en retrait et de ne plus s’opposer à la volonté de Matteo Salvini de tenter de former un gouvernement avec le M5S. Les discussions semblent être allées assez loin entre les directions des deux formations, qui s’entendent en particulier pour s’opposer à l’Union européenne et aux arrivées massives de réfugiés dans la péninsule. Mais les discussions auraient achoppé principalement sur la répartition des ministères, et notamment sur le nom du Premier ministre. Il semble surtout que le président de la République, Sergio Mattarella, issu du centre-gauche, ait émis un veto très ferme contre certains projets de la Ligue pouvant porter atteinte à la cohésion nationale comme, outre le traitement des migrants, l’appartenance à l’UE ou une loi sur la légitime défense libéralisant les règles sur le port d’armes. Enfin, le tribunal de Milan a, samedi 12 mai, décidé la « réhabilitation » de Berlusconi, le rendant à nouveau éligible, « effaçant tous les effets » de sa condamnation pour fraude fiscale. De quoi donner envie au Cavaliere, 81 ans, de concourir à de nouvelles élections. À suivre, donc…