Mobilisation : la gauche (dés)unie pour faire « mentir Macron »
Les groupes de la gauche rassemblée à l’appel d’Olivier Besancenot ont tenu un meeting commun à la veille du 1er Mai à Paris. Mais leurs rangs sont déjà clairsemés.
Apporter un soutien aux mobilisations sociales, défendre les services publics et donner le coup d’envoi des manifestations qui se tiendront au mois de mai. Les raisons du « meeting unitaire » donné lundi 30 avril, place de la République à Paris, par neuf organisations de gauche – Ensemble !, Europe Écologie-Les Verts, Génération.s, NPA, Nouvelle Donne, PCOF, PCF, République et socialisme – sont nombreuses.
À la tribune, avant même la prise de parole de quatre responsables politiques, des grévistes, des salariés mécontents venus de l’AP-HP, de la SNCF, de Carrefour, d’Air France, de PSA, mais aussi des magistrats se relaient… « Cette année, Carrefour a reversé 356 millions d’euros aux actionnaires », s’indigne une employée du groupe. « Pour une caissière aux 35 heures, ils comptent lui reverser 57 euros… 57 euros ! », tonne-t-elle. « On est là pour faire mentir Emmanuel Macron, qui, lors de son voyage aux États-Unis, parlait du conflit social au passé ! », indique Olivier Besancenot devant les deux à trois cents personnes présentes place de la République.
« Macron doit être désavoué », renchérit Guillaume Balas, eurodéputé élu sous la bannière du Parti socialiste et désormais membre de Génération.s. « Le gouvernement tente de nous sectoriser pour nous diviser », lance Sandra Regol, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts.
Ne pas froisser les corps intermédiaires
Le message se veut clair : la gauche souhaite un rassemblement de toutes les luttes et sera présente lors de toutes les manifestations du 1er, du 3, du 5 et du 22 mai. « Ce mois de mai, il sera beau ! », scande Olivier Besancenot. « Tous ceux qui se mobilisent dans le pays doivent continuer, doivent généraliser les luttes et doivent s’unir pour gagner », a conclu Pierre Laurent, sénateur de Paris et secrétaire national du PCF.
Mais si ce rassemblement est une initiative politique, pas question pour autant d’éclipser les syndicats. « On est là pour appuyer, pour donner la parole à ceux qui luttent », martèle le cofondateur du NPA. Les syndicats – de la CGT à FO en passant par la CFDT ou encore SUD – n’auront pourtant dépêché personne sur la petite scène dressée. « L’idée ce n’est pas de faire front commun avec les syndicats, nous n’avons pas le même rôle », rappelle Fabien Guillaud-Bataille, élu PCF d’Île-de-France. Le souvenir des vifs désaccords entre le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et les grandes centrales lors des manifestations contre les ordonnances sur le code du travail reste dans toutes les mémoires. Pas question, ici, de brusquer les corps intermédiaires. « Nous avons bien sûr prévenu les grandes centrales », glisse Sandra Regol.
La France insoumise, la grande absente
Alors que ces dernières, unies dans les grèves, ne sont pas parvenues à convenir d’un défilé commun pour le 1er Mai, les organisations politiques non plus.
À la tribune, l’animateur lance : « Merci d’être venus à l’appel de douze, non, neuf groupes politiques », se reprend-il. À croire qu’y compris dans les rangs de la gauche, l’union s’effrite. Après avoir tenu un « front commun » durant près d’un mois, Alternative libertaire et le Parti de gauche ont boudé l’événement. Mais c’est avant tout l’absence du groupe parlementaire de la France insoumise qui se fait sentir. « Ceux qui ne sont pas là reviendront », veut croire Olivier Besancenot. « La gauche a besoin d’une unité, sans unité face à Emmanuel Macron, nous ne sommes rien », déplore Gérard Filoche.