Cheminots en quête d’un second souffle
Le « pacte ferroviaire » a été voté. Le mouvement historiquement long à la SNCF atteint un point de bascule.
dans l’hebdo N° 1508 Acheter ce numéro
Au lendemain du vote du « pacte ferroviaire », le mouvement historiquement long à la SNCF atteint un point de bascule. La fatigue et le constat d’échec de la stratégie de grève intermittente ont sérieusement émoussé l’alliance syndicale, jusqu’ici si solide.
La CGT a bousculé la bienséance habituelle, le 15 juin, en annonçant des mobilisations durant l’été, sûrement les 2, 6 et 7 juillet, sans attendre d’en discuter avec ses partenaires. Le bureau fédéral de l’Unsa a décidé, le 19 juin, de s’en tenir quitte après la dernière grande journée de mobilisation programmée le 28 juin et de « rester mobilisé par d’autres moyens que la grève ». Comme la CFDT, dont la décision n’était pas encore connue à l’heure de notre bouclage, le second syndicat du rail était tiraillé entre sa base, encore franchement déterminée, et une volonté de trouver un porte de sortie « honorable » à un conflit éreintant.
SUD-Rail, qui a toujours prêché pour l’autogestion du mouvement, dans les assemblées générales, observe ces discussions avec un peu de recul, mais se tient prêt à toute action visant à intensifier le rapport de force. Sur le fond, le paquet ferroviaire a été voté sans modification substantielle. Ni l’ouverture à la concurrence du rail, ni le changement de statut de la SNCF, ni la fin du recrutement au statut n’ont été amendés.
Une nouvelle phase de guérilla syndicale s’ouvre donc dans les mois et les années à venir. À l’échelle nationale tout d’abord, avec les discussions pour l’écriture d’une convention collective nationale relancées le 15 juin sous l’égide du gouvernement. Elles doivent aboutir sur des règles communes à la SNCF et à ses futurs concurrents privés, avant 2020. La CGT en est ressortie « extrêmement déçue », tandis que l’Unsa et la CFDT ont enregistré quelques signaux « plutôt positifs ». Ils attendent une « lettre d’engagement » formalisant les belles paroles du gouvernement.
Mais c’est aussi à l’échelon local que la réécriture de fond en comble des règles sociales devrait se faire ressentir le plus durement. « Ils sont en train de remettre à plat tous les accords collectifs locaux conclus depuis des décennies », alerte Basile, membre du comité de grève de la gare de l’Est, à Paris. « C’est un vrai big bang », abonde Thierry Marty, de l’Unsa-Ferroviaire, qui note au passage que cette nouvelle donne pourra être à l’avantage des cheminots (les plus qualifiés), dont les heures de nuit et du dimanche sont aujourd’hui moins bien rémunérées que dans d’autres secteurs. SUD-Rail a donc déposé un préavis de grève illimité pour permettre aux cheminots de réagir vite, localement, à ce dépeçage en coupe réglée