Le bio enregistre une spectaculaire progression

Les chiffres de production comme de consommation sont en hausse, mais le bio reste menacé par les produits de la grande distribution.

Claude-Marie Vadrot  • 5 juin 2018
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Le bio enregistre une spectaculaire progression
© photo : PATRICK LEFEVRE / BELGA MAG / BELGA

En dépit des multiples efforts de dénigrement de la FNSEA et malgré la mauvaise volonté du gouvernement et du ministre de l’Agriculture, le bio ne cesse de progresser. À la fin de l’année dernière, sur le territoire français, la surfaces cultivée en bio était de 1,77 million d’hectares. Ce qui représente une augmentation de 15,6 % par rapport à 2016. Pour 2018, compte tenu des surfaces actuellement en reconversion et dans l’attente de leur certification, l’augmentation prévue sera de 23 % par rapport à 2017. Les chiffres, qui viennent d’être publiés par l’Agence bio et confirmés par la Fédération de l’agriculture biologique, sont réjouissants pour la santé et pour la nature.

S’agissant de la progression des exploitations, le baromètre du bio reste également au beau fixe : 36 644 exploitations bénéficiaient en 2017 du label bio, soit un accroissement de 40 % par rapport à 2011. Ce chiffre représente 6,5 % de la SAU (la surface agricole utile sur le territoire). Cette progression a hissé la France au troisième rang européen. Derrière l’Espagne, qui cultive bio sur plus de 2 millions d’hectares, et l’Italie. Désormais, l’Allemagne occupe le quatrième rang.

Les ventes de bio dans l’Union européenne dépassent 30 milliards d’euros dont 8 milliards sont imputables au commerce français ; rien que pour l’alimentaire, frais ou conditionné, qui a progressé de 82 %, toujours depuis 2011. Une préparation qui est assurée par 12 238 transformateurs également certifiés bio. Ce chiffre a bondi depuis le début de cette décennie.

248 % d’augmentation pour les fruits et légumes

Les légumes et les fruits frais ont enregistré, toujours depuis 2011, une augmentation de 248 %, les vins et alcool de 219 % et les produits de crémerie, qui incluent les œufs, n’ont progressé « que » de 40 %. En fait, tous les indicateurs du bio sont en progression, bien que les statistiques du ministère de l’Agriculture et de l’Agence bio ne parviennent pas à intégrer toute l’alimentation biologique, qui passe par plus de 2 000 Amap (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) qui servent des paniers bio à plus de 300 000 consommateurs.

Leur activité dans le bio n’est pas plus répertoriée que celle des associations de ce type qui ne relèvent pas de leur association nationale, Miramap, tout comme les ventes directes de bio à la ferme ou sur les marchés. Or une estimation évalue le chiffre du bio « hors marché » à plus de 1 milliard d’euros, bien que ce décompte soit fragile et probablement largement sous-estimé. Y compris pour des raisons fiscales.

Miel ou sirop de sucre ?

Le premier paradoxe de cette embellie pour le bio français, toutes catégories confondues, c’est que la France manque de produits bio. Une pénurie ancienne mais qui a augmenté régulièrement au point d’atteindre un tiers, qui doit donc être importé de l’Union européenne ou de pays plus lointains. La tendance concerne logiquement les fruits exotiques ; mais aussi les fruits et légumes qui font, ce qui n’est pas du tout écologique, un long voyage de parfois plusieurs milliers de kilomètres, comme les pommes et poires d’Argentine ou les fraises de Californie, d’Égypte et de Chine.

Le second paradoxe c’est que le marché est de plus en plus squatté par les grandes surfaces dont les produits portent des étiquettes bio de plus en plus étranges. Comment croire qu’un miel est bio quand on découvre qu’il est originaire de plusieurs pays « hors communauté » pour ne pas écrire qu’il contient un sirop de sucre chinois qui n’a rien à voir avec du miel. Cette pratique concerne beaucoup de marques bio distributeur trouvées chez Leclerc, Carrefour, Système U…

Le troisième (mais heureux) paradoxe, c’est qu’en dépit des tromperies de la grande distribution et l’effondrement des aides à la reconversion dû à la mauvaise volonté du ministre de l’Agriculture surveillé de près par la FNSEA, le bio et son label créé en 1985 aient réussi à convaincre des millions de nouveaux consommateurs.

Écologie
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