16 millions d’hectares de forêt tropicale ont disparu en 2017
D’importantes disparitions d’espaces forestiers ont été observées en une année dans une vingtaine de pays du Sud, à commencer par le Brésil, le Congo et l’Indonésie.
Dans de nombreux pays tropicaux ou subtropicaux, l’année 2017 a été désastreuse pour les espaces forestiers : 16 millions d’hectares, soit une surface proche de celle du Bangladesh, ont disparu. C’est ce qu’a noté la NASA et de nombreux scientifiques sur des dizaines de milliers de photographies satellites. Ces observations ont fait l’objet d’intenses discussions au Sommet des forêts tropicales, qui vient de regrouper les ministres des pays concernés à Oslo pendant une semaine. Leurs préoccupations, au moins officiellement, étaient d’intensifier les efforts pour sauvegarder des écosystèmes forestiers tropicaux, qui abritent la moitié des espèces vivant dans le monde et jouent un rôle important dans la régulation climatique de la planète. Emmanuel Macron n’a pas envoyé de représentant à cette importante réunion, alors que les territoires français d’outre-mer perdent aussi leurs forêts tropicales…
Menaces pour le climat
Pourtant, étant donné l’augmentation des surfaces disparues, il y a urgence. Cela fait d’ailleurs une vingtaine d’années que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture Organisation, FAO) demande aux pays concernés d’établir un bilan des dégâts. Mais ceux-ci ignorent ces demandes ou se trouvent dans l’incapacité, pour des raisons techniques, sociales, politiques ou économiques, de fournir ces états des lieux. D’où le recours à une surveillance précise depuis l’atmosphère. D’où aussi le commentaire de l’un des responsables norvégiens de la conférence, Andreas Dahl-Jørgensens :
Nous serons dans l’incapacité d’atteindre les objectifs de l’accord climatique de Paris sans une réduction importante et rapide de la déforestation tropicale et sans des efforts de reforestation.
Pour le seul Brésil, les feux de forêt allumés par les fermiers et les éleveurs pour agrandir leurs territoires – qui ont souvent tourné au désastre par manque de contrôle –, ont occasionné la disparition, en 2017, de près de 1,5 million d’hectares de la forêt amazonienne. Cela a d’ailleurs, après d’autres feux ou coupes, entraîné une terrible sécheresse dans les régions pillées. Et remis en cause les quelques efforts déployés par le pays pour préserver sa forêt.
Colombie : la paix décime les arbres
En Colombie, l’accord de paix signé entre les FARC et le gouvernement a laissé le champ libre à des ouvertures sauvages de mines et à des déboisements agricoles dans les espaces amazoniens. Conséquence : la disparition de 500 000 hectares en une année. Et dans les Caraïbes, les ouragans Irma et Maria ont détruit un tiers des forêts.
La forêt congolaise, toujours en un an, a battu tous ses records précédents et été privée de 1 450 000 hectares d’arbres. En cause, des coupes sauvages, des agrandissements d’exploitations agricoles et de l’intensification de la confection de charbon de bois, pour la consommation locale mais aussi pour l’exportation. Cette dernière pratique frappe tous les pays africains et les forêts asiatiques, notamment en Indonésie où les promesses faites en 2016 n’ont pas été tenues. D’où la réaction de l’une des responsables du think tank américain World Resources Institute (Institut mondiale des ressources), Frances Seymour :
Dans ce pays, c’est comme si nous voulions éteindre l’incendie d’une maison avec une cuillère à thé.
Dans une trentaine d’années, à ce rythme, les forêts tropicales seront réduites de plus de la moitié de leur surface.
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