« Au poste ! », de Quentin Dupieux : Flics de haut vol

Un tête-à-tête policier agréable et gentiment absurde de Quentin Dupieux.

Christophe Kantcheff  • 3 juillet 2018 abonnés
« Au poste ! », de Quentin Dupieux : Flics de haut vol
© Photo : Diaphana Distributions

On se souvient de Garde à vue, le film de Claude Miller réalisé dans les années 1980 avec Serrault et Ventura, uniquement centré sur un interrogatoire policier. Situation semblable avec Au poste !, mais pas du tout le même ton. Benoît Poelvoorde, le commissaire Buron, fait face à Grégoire Ludig, le suspect, Quentin Dupieux (Steak, Rubber…) étant aux mannettes. Avec une telle équipe, le registre est forcément humoristique, burlesque, absurde. Mais l’idée du cinéaste a consisté à vouloir mélanger les genres, à hausser son niveau d’ambition.

Sur le mode de l’humour, il y a le comportement du commissaire – le film s’ouvre sur une longue conversation au téléphone entre son beau-frère et lui – et, plus bizarre encore, de son second, qui tourne à la catastrophe. Le seul à tenir un discours rationnel semble être le suspect, même s’il se retrouve dans une situation à la fois morbide et gaguesque, qui l’oblige lui aussi à dérailler. Les réparties, tout au long de l’interrogatoire, sont souvent drôles, mais pas toujours. D’autant que le cinéaste a contenu les « bêtes » de jeu que sont ces deux acteurs, en particulier Poelvoorde. Peu de mots d’auteur (ce qui est bien), mais parfois un certain ennui.

Pourquoi ? Parce que rien ne sous-tend vraiment le film. Dupieux a des trouvailles, comme ces flash-back au futur antérieur, qui brouillent les personnages dans leur appréhension du temps et rendent la narration baroque. Mais, si elles créent une surprise ou font sourire, elles restent anecdotiques. De même, quand le cinéaste s’essaie à la confrontation entre la fiction et la réalité, on ne sent pas qu’il ait sur le sujet un propos très consistant. Voilà pourquoi Au poste ! se révèle tout aussi agréable que décevant.

Au poste !, Quentin Dupieux, 1 h 13.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes