Incendies de forêts : la Terre brûle-t-elle ?
De la Californie à la Suède ou la Grèce où il y a au moins 60 morts, le dérèglement climatique provoque des centaines de feux de forêt meurtriers.
Les premières informations sur les violents feux qui ont éclaté lundi en Grèces, font état d’au moins une soixantaine de morts et des dégâts considérables. Ils sont hélas révélateurs d’une situation catastrophiques dans de nombreuses forêts de la planète. Un été meurtrier qui ne fait que commencer alors que les moyens de lutte se révèlent inéfficaces depuis des années.
Comme en 2017, les incendies se multiplient donc sur tous les continents. Avec une différence inquiétante : ils commencent plus tôt dans l’année et ils sont à la fois plus nombreux, plus violents et encore plus incontrôlables.
Depuis quelques jours une soixantaine de feux que les pompiers ne parviennent pas à circonscrire ravagent la forêt suédoise, et les incendies détruisent aussi des milliers d’hectares en Californie, menaçant les habitants et les richesses naturelles du parc national de Yosemite.
Dimanche, une surface équivalente à la superficie de San Francisco avait déjà été avalée par les flammes. Et d’après le responsable des sauveteurs et les spécialistes de l’université de Los Angeles, le feu progresse au rythme de un millier d’hectares par jour. Cela explique que depuis les débuts de la catastrophe, dans la région californienne de Goleta, 2 600 maisons avaient déjà été détruites dimanche.
Sécheresses récurrentes
Mais ce qui se passe à nouveau en Californie ne doit pas faire oublier que les incendies de forêts, de broussailles et de zones de cultures font aussi cette année d’importants dégâts dans douze États de l’Ouest américain comme l’Oregon, Washington, le Colorado ou le Nouveau-Mexique. Ils éclatent un peu n’importe où dans des zones difficiles d’accès où les sécheresses règnent depuis des années.
Les flammes dévorent aussi bien les vieux séquoias que les jeunes arbres, et s’alimentent le plus souvent des arbres morts et desséchés, tués depuis des années par les sécheresses récurrentes qui tarissent les rivières et les lacs en même temps qu’elles suppriment les immenses verges de ces régions, qu’il s’agisse de pêchers, d’amandiers ou de noyers. Sur des milliers d’hectares, les récoltes de céréales ont été déjà brûlées. Et des millions de personnes, comme lors de tous les incendies majeurs, sont intoxiquées par les fumées porteuses de particules fines et de produits chimiques.
La chaleur responsable
Partout où la nature brûle, partout où la biodiversité part en fumée, la responsabilité en est clairement attribuée par les spécialistes au dérèglement climatique ; et donc au manque de pluie, à la dessiccation des sols et aux orages de plus en plus nombreux dont la foudre enflamme brusquement la végétation dans les zones situées à l’écart des routes. Là où les pompiers ne peuvent intervenir qu’avec des avions ou des hélicoptères déversant des quantités d’eau et de retardant dérisoires. D’autant plus que ces incendies sont en général attisés par des vents violents, liés aux orages ou entretenus par les remous de chaleur sur les zones en flammes. Situation qui, partout, rend difficile l’approche à basse altitude des avions de type Canadair.
Toutes ces circonstances expliquent l’ampleur de la catastrophe qui frappe la Suède depuis plus d’une semaine. Les secours sont dépassés par la progression des flammes qui ont déjà fait disparaître une trentaine de milliers d’hectares alors que de nouveaux foyers sont signalés dans des zones qui avaient été jusqu’à présent épargnées, notamment en Laponie. Comme l’Alaska, une partie du Canada, le Mexique, la Russie et surtout depuis peu la Grèce l’Amazonie, l’Inde et l’Indonésie se trouvent également sous la menace des incendies de forêts ou de zones agricoles ; et les scientifiques estiment qu’une partie de la planète est entrée dans une ère de graves embrasement liés aux dérèglements climatiques dont les dégâts s’ajoutent à la déforestation liée à la progression de l’agriculture extensive.
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