L’invité surprise de Génération.s

Le journaliste et essayiste Aymeric Caron à la tête du jeune mouvement politique, le Rassemblement écologique pour le vivant (REV), s’est adressé aux militants durant une « carte blanche ».

Marie Pouzadoux  • 1 juillet 2018
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L’invité surprise de Génération.s
© Photo : Marie Pouzadoux

Ce dimanche au Summum de Grenoble, il était question d’échéances électorales pour Génération.s avec les européennes et les municipales. L’intervention en fin de matinée d’Aymeric Caron a donc de quoi surprendre. En effet, il fut le seul chanceux à bénéficier d’une carte blanche ce jour-là, avant le discours de clôture de Benoît Hamon. S’il était censé s’exprimer librement sur l’Europe, ce sont plutôt les idées de l’antispécisme et de l’écologie politique, au fondement du REV, qui ont été exprimées. L’Union européenne fût seulement fustigée pour sa politique jugée à deux poids deux mesures en matière écologique, très vite mise de côté.

Des points de convergence avec Génération.s

« J’ai toujours eu un intérêt pour les idées que porte Benoît Hamon », nous confie Aymeric Caron. Il l’assure, son mouvement partage beaucoup des engagements de Génération.s : « Outre les questions de société, nous sommes favorables à la réduction du temps de travail à 28h par semaine, tout comme pour le revenu universel, qui nous semble fondamental. » À raison de ces intérêts communs avec le REV, sa venue est plutôt bien accueillie par les militants, d’autant qu’il est lui-même une personnalité engagée pour l’écologie connue du grand public. Ainsi, répondre présent à l’invitation du mouvement lui a semblé tout naturel, d’autant plus avec une liberté totale d’intervention. « On a le sentiment d’être pris au sérieux et on veut prendre part au débat de la nouvelle écologie politique », indique-t-il.

Dès le début de sa déclaration, l’essayiste met l’accent sur la question de l’empathie envers tous les êtres vivants et appelle à la responsabilité des gouvernants qui depuis des décennies « mènent à la catastrophe environnementale »: « Réchauffement climatique, hausse des inégalités, maltraitance animale…Macron coupable, Hollande coupable et Sarkozy coupable ! On ne savait pas ? L’excuse passait encore il y a 15 ans mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, on sait que la planète est en danger », fustige-t-il dans son discours.

S’il suscite les applaudissements de la foule, c’est pourtant sur ce thème de l’écologie que son mouvement, né il y a quatre mois, se différencie de Génération.s. « On a un wagon d’avance sur le vivant par rapport à eux »,estime-t-il. Il le proclame et assume :

Ceux qui nous jugent radicaux ont raison ! Nous le sommes. Nous voulons faire de l’écologie pure, jusqu’au bout. C’est une révolution idéologique, qui change notre rapport au monde. L’antispecisme est le marxisme du XXIème siècle qui veut abolir l’exploitation de tous les êtres vivants, humains comme animaux.

Pas d’alliance, le REV veut faire cavalier seul aux élections

Malgré les convergences, le porte-parole du jeune mouvement interrogé, fait taire les rumeurs quant à une possible alliance commune aux européennes : « Nous avons effectivement vocation à être présents aux européennes tout comme aux municipales mais de façon indépendante. » Un message qu’il partage également sur son compte Twitter, dimanche soir, tout en remerciant ses hôtes : « Aucun accord, aucune négociation en cours,écrit-il. Juste le souhait de se connaître et dialoguer. »

Cette envie de débat, l’amène également à dialoguer avec la France insoumise, qui l’a invité à participer à ses Amphis d’été, fin août à Marseille. Mais si l’écologie et la défense des animaux sont portés par les représentants de ce mouvement, il avoue se sentir plus proche de celui de Benoît Hamon. « Il y a chez Mélenchon les restes d’une vision très productiviste, l’idée qu’on a vraiment besoin surtout du travail. Or nous, on croit aussi à une société du temps libéré, il n’en parle pas assez »,confie-t-il.

La peur du compromis qui pourrait virer au sacrifice idéologique, explique pourtant ce refus d’alliance. « On veut rester fidèle à notre programme et ne pas faire comme les Verts, qui ont trahi les fondements idéologiques du mouvement par renoncement. L’alliance est envisageable avec un autre petit mouvement antispéciste si on est sûr à 80 % sur les idées et qu’on agit pour le bien être du vivant »,explique Aymeric Caron.

À un an des élections européennes, la stratégie du jeune mouvement aux 3 000 membres, légitime d’un point de vue idéologique, n’en est pas moins risqué politiquement. D’autant qu’ Aymeric Caron, seule figure médiatique du mouvement, n’exprime pas la volonté d’être candidat. Du moins pour l’instant, jugeant son rang de porte-parole suffisant.

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