Macron reporte son plan anti-pauvreté pour cause de Coupe du monde
Entre le football et la lutte contre la pauvreté, l’Élysée a choisi. L’annonce des mesures, dont le détail devait être dévoilé la semaine prochaine, est reportée à septembre. Un arbitrage contesté.
Niveau communication et agenda, ça coince pour Emmanuel Macron. Le Président devait, nous disait-on, présenter lundi 9 juillet, devant les parlementaires réunis en Congrès, les grandes lignes de son plan de lutte contre la pauvreté. L’annonce détaillée des mesures par Matignon devait suivre deux jours plus tard. On a appris aujourd’hui que tout ce plan de com’ est repoussé à septembre.
Motif de ce report ? La possible qualification des Bleus en demi-finale, s’ils gagnent vendredi en quarts contre l’Uruguay. En effet, le président de la République avait promis fin mai : « Si l’équipe de France passe les quarts de finale, je viendrais la soutenir. » Or les demi-finales débutent mardi soir. Ce motif a été susurré ce matin sur LCI par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. _« Le plan devrait être présenté autour du 10 juillet. Mais ça dépend peut-être aussi des matches de l’équipe de France », a-t-elle prévenue, sourire aux lèvres. « Question d’arbitrage », justifie-t-elle, sous-entendant que les pauvres ne sont pas prioritaire dans l’agenda présidentiel. Ils peuvent bien attendre.
« Pour le plan pauvreté, l’Élysée n’a pas diffusé d’agenda mentionnant une telle présentation la semaine prochaine_, affirme l’équipe de communication de l’Élysée. Notre arbitrage compte tenu du travail encore en cours sur son contenu est de le détailler d’ici la fin de l’été, voire la rentrée. Juillet était possible mais pas certain. » Pourtant, la présentation de ce plan avait déjà été reportée en avril, selon le même motif. Les associations, comme la Fondation Abbé-Pierre ou ATD Quart monde, consultées en début d’année, l’attendaient de pieds ferme pour « début juillet », comme cela leur avait été annoncé. Mais en fin de matinée, c’est même l’Élysée qui a avancé l’argument footballistique à France Inter:
L’annonce se fera mieux qu’entre deux matchs de l’équipe de France, en un temps où les français seront plus réceptifs.
Une « excuse » aussitôt reprise et approuvée par les députés de la République en marche ! Coordinatrice du groupe au sein de la commission des finances, Amélie de Montchalin estime « plus intéressant d’en faire un vrai moment à la rentrée quand les Français seront à l’écoute plutôt qu’en catimini au cours du mois de juillet ».
Ce n’est pas l’avis des députés d’opposition. De gauche ou de droite, ils perçoivent plutôt l’explication élyséenne comme un énième signe du mépris du « Président des riches » envers les pauvres. Olivier Faure, le patron du PS, a tweeté : « L’équipe de France n’a pas besoin de lui pour gagner !! en revanche, les plus démunis attendent… eux !!! Ce n’est pas le nouveau monde mais le monde à l’envers ! »
« Les matchs de demi-finale ont bon dos », ironise salle des Quatre-Colonnes l’insoumis Éric Coquerel, élu en Seine-Saint-Denis, en s’étonnant de voir « l’exécutif prendre en compte un calendrier dont il ne tient pas compte pour faire passer des lois discutables ». « On observe le sens des priorités du gouvernement, renchérit son camarade Alexis Corbière. Sitôt élu, il supprimait l’ISF, mais quand il s’agit de lutter contre la pauvreté, ce n’est plus « En marche ! », c’est « À pas très très lent… » »
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