Questions syndicales
Patronats et syndicats se sont rendus le 17 juillet à l’Élysée, dans une rencontre au sommet.
dans l’hebdo N° 1512 Acheter ce numéro
J e veux donner corps à une République contractuelle. » Du Macron dans le texte, prononcé le 9 juillet à Versailles, au Congrès, en guise d’invitation faite aux patronats et aux syndicats à se rendre à l’Elysée mardi 17 juillet, dans une rencontre au sommet. Ministre de l’Économie, Emmanuel Macron recyclait en 2015, déjà, cet ancien slogan sarkozyste pour justifier les accords d’entreprise pour l’ouverture dominicale, puis en 2017, durant sa campagne présidentielle. Au passage, on notera le « je ».
On peut déjà gloser sur l’oxymore tant la République est d’abord l’expression universelle d’un intérêt général (celui de tous), d’une propriété collective, voire commune, quand le contrat tire sa légitimité d’une entente entre plusieurs parties seulement. En admettant néanmoins que l’idée soit d’accorder une plus grande place à la négociation directe dans un pays en mal de dialogue, il est tout de même permis de dire, en préalable, que la faute en incombe d’abord à l’exécutif qui, en France, écrase les acteurs sociaux par son agenda et l’orgueil du présidentialisme.
Comme personne ne croit que l’homme de la loi sur le travail le dimanche (passée au 49-3 en 2015), de la loi travail 2 (passée par ordonnances en 2017) veut se déjuger dans sa méthode du passage en force, on comprend surtout qu’il communique. Message de service aux deux nouveaux venus dans le paysage : Geoffroy Roux de Bézieux, nouveau chef du Medef, et Pascal Pavageau, celui de FO, tous deux impatients de cette mise en scène, pour s’installer un peu dans le paysage ; et à tous les autres, soucieux de passer à autre chose, après le conflit à la SNCF. Mais l’après (toujours plus libéral) est déjà annoncé : assurance-chômage, formation professionnelle et retraites. Les syndicats sont prévenus. D’autant qu’avec sa méthode, qui ressemble à tout sauf à des contrats, Macron ne les contraint pas seulement à la riposte, il les interroge aussi sur leur rôle, leur capacité à représenter et même sur leur utilité pratique dans la période.
Enjeu difficile mais déterminant tant la réalité du monde du travail justifie encore et toujours le syndicalisme. Pas seulement celui d’en haut, qui tente de négocier des normes interprofessionnelles ou collectives, mais aussi celui qui, dans les entreprises, organise et permet d’améliorer les conditions, les organisations ainsi que la qualité du et au travail. Le rapport de force (re)commence là.
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