L’université d’été des mouvements sociaux s’ouvre à Grenoble

L’événement réunit près de 300 organisations pour cinq jours de débats et de formations, à l’invitation d’Attac, du Crid et du réseau Ritimo.

Erwan Manac'h  • 23 août 2018
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L’université d’été des mouvements sociaux s’ouvre à Grenoble
© Photo : Erwan Manac'h

Grenoble, capitale du mouvement social. Pendant cinq jours, la ville iséroise accueille les militants d’environ 300 organisations politiques et citoyennes, syndicats, associations, ONG et médias indépendants (1), pour l’« Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens ». C’est l’association altermondialiste Attac, le Crid (2) et Ritimo (3) qui invitent, dans les locaux de l’université Stendhal, assumant un rôle d’animateur, au carrefour des gauches. L’événement, résultat d’une évolution progressive de l’université d’été d’Attac, se transforme encore cette année vers davantage d’autogestion, avec des ateliers portés en autonomie par des organisations.

Comme l’an dernier à Toulouse, où Attac avait été quasi débordée par l’affluence, beaucoup de monde a déjà convergé sur le campus grenoblois en prévision du début des travaux, ce jeudi matin. Quelque 1 500 participants attendus, 12 pays représentés et la jauge de 850 places atteinte à 17 heures mercredi, dans l’amphithéâtre qui accueille la plénière d’ouverture.

Le public a donc massivement répondu à l’ambition d’Attac : réunir les forces vives, faire la revue des alternatives et « construire des initiatives communes et des actions concrètes ».

La gauche locale fraîchement accueillie

Le mot d’introduction revient à Christophe Ferrari, président PS de la métropole, soutien financier de l’événement. Sa présence, avec celle du maire de Grenoble, Éric Piolle (EELV-Parti de gauche-Citoyens), a fait resurgir les critiques des militants locaux. Notamment Droit au logement Isère et le syndicat Solidaires, qui « refusent de [les] applaudir » et dénoncent « l’imposture de la participation du maire à cette université d’été » en raison de sa politique « ni sociale, ni rebelle », dans un tract distribué à l’audience.

« À lire certains tracts, j’ai l’impression d’être le maire de Nice », ironise Éric Piolle en réponse, reconnaissant néanmoins la légitimité de certaines critiques. Le maire de Grenoble souhaite toutefois se mettre au diapason de l’événement dans son discours, disant sa fierté d’être ville hôte et vantant les vertus de Grenoble « terre de maquis, terre d’accueil et terre de mobilisation citoyenne où est né le premier planning familial de France ». Le maire vert et rouge défend son action locale et revendique l’héritage du mouvement social grenoblois, dont lui et une large partie de sa majorité sont issus : « Nous devons prouver que le local peut faire le tour du monde et que le global commence en bas de chez soi », lance l’édile au parterre de militants.

Préparer la rentrée sociale

Trois militants locaux lui succèdent, reprenant sa référence à l’histoire politique de la région – la Résistance – assortie d’un tacle appuyé quant au « contexte difficile du moment ». Et de passer en revue les conséquences de l’austérité dans la région, comme autant de griefs envers la gauche locale. Les militants dénoncent également le manque de soutien des pouvoirs publics locaux pour les collectifs d’accueil des migrants et alertent sur la montée de l’extrême droite et l’action de plus en plus décomplexée des Identitaires.

Voilà de quoi dépeindre le contexte politique local : dense et bouillonnant.

Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, se charge quant à elle de planter le décor national. Car l’enjeu de cette université d’été est aussi, selon elle, de « préparer la rentrée sociale et les mobilisations des mois à venir » :

Le gouvernement a enclenché une transformation profonde de la société, avec un marketing qui cache de moins en moins une politique néolibérale, autoritaire et conservatrice, dénonce la militante. Emmanuel Macron joue sur un effet de sidération. Mais il y a eu beaucoup de mobilisations, même si elles n’ont pas réussi à freiner sa politique.

Attac, déjà à l’initiative au printemps d’une « marée populaire » contre la politique d’Emmanuel Macron, confirme donc sa volonté de jouer un rôle moteur dans le combat politique, en relais des syndicats.

(1) Politis est investi dans la préparation de quatre ateliers sur l’indépendance des médias vendredi 24 juin.

(2) Centre de recherche et d’information pour le développement.

(3) Réseau d’information et de documentation pour la solidarité et le développement durable.

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