Europe : le PS accouche d’un programme dans la douleur
Au lendemain d’un bureau national mouvementé, Olivier Faure a présenté dix-sept propositions dans la perspective des élections européennes.
On n’y est pas encore, mais la situation s’améliore. Divisé, délaissé, en panne d’idées depuis l’élection présidentielle de 2017, le Parti socialiste est parvenu à un semblant d’accord sur la question des élections européennes. Désignation de la tête de liste ? Programme définitif ? N’y pensez pas. Mais une première ébauche a été dévoilée mercredi, au lendemain d’un bureau national haut en couleur.
Le texte, baptisé « La gauche est l’avenir de l’Europe », est présenté comme un _« document de travail ». Il est le fruit de 1 000 contributions déposées sur la plateforme collaborative du parti, « La ruche socialiste », et des travaux de plusieurs élus du PS, locaux, nationaux et européens. Au total, il contient dix-sept propositions comme la révision de la procédure Dublin III, un budget de la zone euro, un plan d’investissement de 500 milliards d’euros pour répondre à des enjeux écologiques – sorte de plan Juncker bis – ou l’instauration d’un salaire minimum. « Ce document vise à répondre à trois enjeux qui nous semblent primordiaux », indique Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Un enjeu écologique tout d’abord : « Il n’est pas possible d’enrayer le déclin climatique sans enrayer et limiter la mondialisation », estime le chef de file socialiste. L’immigration ensuite : « Il faut s’opposer à ceux qui veulent construire des murs. » Le travail enfin, où le PS compte tirer profit des mutations du numérique pour accompagner les salariés.
Rassembler la gauche
Ce programme vaste aux contours encore flous sera enrichi jusqu’au prochain bureau national, le 2 octobre, puis soumis au vote des militants le 11 avant d’être adopté en conseil national le 13. Les sensibilités plus sociales devraient y trouver leur compte. À commencer par les partisans d’un rassemblement à gauche. Car le PS propose également, au lendemain des élections européennes, de créer un intergroupe de toutes les gauches au sein du Parlement européen. La tâche s’annonce ardue. Car certains sujets clivent encore. Les socialistes ne rejoignent par exemple pas l’idée, largement partagée au sein de la gauche française, qu’il faudrait désobéir à certains traités. « Pour désobéir, il faudrait d’abord être majoritaire », estime Olivier Faure.
Avant de rassembler la gauche, le PS devra déjà rassembler les siens… Car le bureau national de mardi s’est déroulé dans la douleur. À la sortie de la réunion, tard dans la nuit, des incertitudes planaient encore sur l’adhésion remportée par ce texte : alors que les membres du bureau national se félicitaient d’un vote à l’unanimité en faveur de cette première mouture du projet européen, le compte Twitter « L’Union et l’espoir », le courant d’Emmanuel Maurel, rapportait 8 abstentions sur les 38 personnes présentes lors du bureau.
Au BN du #PS sur #Europe seuls 1/3 des membres ont approuvé texte présenté par la direc°. Le texte final ne sera soumis au vote des militants que le 02/10. Nous proposerons des alternatives à 1 stratégie européenne restant ds droit des choix engagés lors du quinquennat @fhollande
— Gauche Républicaine & Socialiste (@Gauche_RS) September 18, 2018
Le leader du mouvement « Nos causes communes » n’a d’ailleurs pas voté ce texte, et a promis d’en présenter un nouveau d’ici le 2 octobre, laissant toujours planer le doute sur son possible ralliement à la France insoumise.
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Emmanuel Maurel n’est pas le seul à avoir exprimé son désaccord lors du bureau national. Selon nos informations, l’ancien ministre de l’Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Foll, a quitté la réunion en claquant la porte. Candidat déclaré à la tête de liste, Julien Dray a pour sa part présenté un texte concurrent. « Nous ajouterons ses idées au document de travail », a promis Olivier Faure. Élu en mars 2018, le premier secrétaire continue d’essayer de faire la synthèse au sein du PS. Non sans mal.
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