« Le Temps des forêts », de François-Xavier Drouet : Au son du bois

Il y a les sons apaisants de la forêt vue comme un havre de paix. Puis, souvent, des bruits métalliques de tronçonneuses automatiques, de bras robotisés qui séparent les troncs de leurs branches et, comme un dernier souffle, les arbres qui s’effondrent lourdement au sol.

Sans jamais lâcher sa caméra, François-Xavier Drouet entreprend une balade militante dans les forêts françaises, du Morvan au plateau de Millevaches en passant par les Vosges. Pas seulement pour filmer la majesté de ces bois, mais surtout pour montrer le vrai visage de la sylviculture française, qui s’est mise au pas du modèle agricole productiviste.

À lire aussi >> Notre dossier « Aux arbres, citoyens »

Déforestation ou « mal-forestation », les massifs de l’Hexagone n’ont été épargnés ni par l’industrialisation de la filière bois ni par un carcan administratif de plus en plus étriqué (1). Résultat : l’uniformisation des paysages, étouffés par les pins Douglas venus d’Amérique du Nord, et l’appauvrissement des sols. Sans oublier la disparition de certains métiers et le mal-être de tous ces hommes et femmes épris de la forêt, dont ce documentaire fait entendre la voix : un bûcheron qui ne jure que par sa seule tronçonneuse manuelle, le gérant d’une scierie artisanale, des agents de l’ONF à bout de nerfs…

« C’est un film de paroles, où les mots interagissent avec le paysage », résume le réalisateur, qui vit depuis dix ans dans les bois limousins du plateau de Millevaches. Le Temps des forêts évite de tomber dans le pathos ou les prédictions angoissantes, et montre l’existence d’alternatives – notamment au sein du Réseau pour les alternatives forestières (RAF) –, qu’elles viennent de collectifs citoyens ou de simples amoureux de la nature, garants de la richesse des forêts. Tous ont la même question en tête : quelle forêt aurons-nous demain ?

Le Temps des forêts, François-Xavier Drouet, 1 h 43.