Bravo, Benito

Emmanuel Macron a « félicité » le fasciste Bolsonaro, nouveau président du Brésil.

Sébastien Fontenelle  • 31 octobre 2018 abonné·es
Bravo, Benito
© photo : MARCOS ARCOVERDE / ESTADAO CONTEUDO / AGÊNCIA ESTADO

Ce dimanche, donc, un fasciste – Jair Bolsonaro – a été élu président du Brésil.

Peu après, Emmanuel Macron, président de la République française, a, selon un communiqué de son Élysée, « félicité » ce fasciste. Bravo, Benito. Quelle magnifique performance. Puis d’ajouter : « La France et le Brésil entretiennent un partenariat stratégique noué autour des valeurs communes de respect et de promotion des principes démocratiques. »

Puis encore : « C’est dans le respect de ces valeurs que la France souhaite poursuivre sa coopération avec le Brésil, pour relever les grands défis contemporains de notre planète, aussi bien dans les domaines de la paix et de la sécurité internationales que dans le cadre de la diplomatie environnementale et des engagements de l’accord de Paris sur le climat. »

Emmanuel Macron sait, bien sûr, que Jair Bolsonaro est un fasciste, qu’il n’a par conséquent aucune intention d’œuvrer au respect et à la promotion des principes démocratiques, et qu’il va plutôt s’atteler à leur anéantissement, dans un prévisible crescendo de terreur.

Le chef de l’État français sait aussi ce que sont les plans de ce terrifiant personnage pour le climat : Bolsonaro a promis, au mois de février dernier, que, s’il était élu président, « l’Indien n’aura(it) plus un centimètre de terre » et que la forêt amazonienne tout entière serait donc livrée aux prédateurs de l’agrobusiness.

Mais, à la vérité, les mots importants, dans le message de Macron à Bolsonaro, ne sont évidemment pas ceux qui ont trait à la démocratie ou à la protection de l’environnement – mais ceux par lesquels il rappelle que « la France et le Brésil entretiennent un partenariat stratégique » et que « la France souhaite poursuivre sa coopération avec le Brésil, […] dans les domaines », notamment, « de la paix et de la sécurité internationales ».

Et ces mots en rappellent d’autres : le 24 octobre 2017, par exemple, le même Macron, recevant à Paris le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont il ne pouvait ignorer qu’il règne par l’épouvante, avait également évoqué, dans le cours de leur déclaration conjointe, l’enivrante beauté des « institutions démocratiques et protectrices des libertés ». Mais, après cette (très) courte digression, il était vitement revenu à l’essentiel : son « souhait de voir les échanges économiques entre » la France et l’Égypte « se développer dans tous les secteurs ». Car le maréchal al-Sissi, vu depuis Paris, est d’abord un excellent client, gros acheteur, en particulier, d’armes françaises – et cela vaut bien qu’on détourne pudiquement le regard s’il fait procéder à quelques faucheries d’opposants.

Or le Brésil est lui aussi un conséquent client – qui a notamment acquis en 2008, pour 6 milliards d’euros, 50 hélicoptères et 5 sous-marins français.

C’est évidemment cette « coopération »-là qu’Emmanuel Macron souhaite « poursuivre » : pourvu que cela ne le conduise pas à s’accommoder, comme il s’arrange de celles d’al-Sissi (liste non exhaustive), des futures exactions du fasciste dont il vient déjà de saluer l’élection.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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