Danemark : avis de bon vent
À chaque bilan d’étape ou presque, le Danemark dépasse ses buts intermédiaires dans la marche à l’objectif final et radical de sa politique énergétique et climatique : la « décarbonation » de son économie en 2050.
dans l’hebdo N° 1525 Acheter ce numéro
Vue de la France, c’est une terre de cocagne énergétique : la question n’est pas « y arriveront-ils ? », mais « avec combien d’années d’avance ? ». À chaque bilan d’étape ou presque, le Danemark dépasse ses buts intermédiaires dans la marche à l’objectif final et radical de sa politique énergétique et climatique : la « décarbonation » de son économie en 2050. C’est-à-dire l’élimination complète dans tous les secteurs des hydrocarbures, émetteurs de CO2 (pétrole, charbon, gaz). Le pays, aujourd’hui au tiers du chemin, estime parvenir à la moitié dès 2030 – dans douze ans à peine –, notamment grâce à l’essor spectaculaire des énergies vertes électriques, chantier leader et très avancé. À cet horizon, solaire, biomasse et surtout éolien pourraient même couvrir intégralement la consommation d’électricité danoise. En 2017, le vent a pourvu à 43,4 % des besoins (1).
Le 29 juin, le gouvernement appuyait à nouveau sur l’accélérateur en annonçant une impressionnante série de mesures couvrant tout l’éventail du secteur énergétique d’ici à 2024 : la construction de trois nouveaux parcs éoliens de très grande taille en mer, des fonds pour le biogaz, les économies d’énergie et les transports verts, des facilités fiscales pour les foyers qui passent à l’électricité renouvelable, la modernisation des réseaux de chaleur, ou encore la constitution de réserves annuelles pour assurer la poursuite des efforts à partir de 2025. Le Danemark est sans conteste à la pointe mondiale de la transition énergétique. Et la recette est connue : l’option zéro nucléaire (2), des facilités constantes pour l’investissement des particuliers et des collectifs dans l’éolien (le pays est bien venté), des politiques cohérentes et un consensus social rarement démenti. Le paquet du 29 juin a été soutenu par la totalité des partis représentés au Parlement.
(1) En France, l’ensemble des renouvelables en couvrent 19 %.
(2) Définitivement rejeté par référendum dans les années 1970, à l’époque où la France misait tout sur l’atome.