Farida Amrani : Évry, c’est reparti !

Battue de peu par Manuel Valls en 2017, Farida Amrani s’apprête à la législative partielle. Sous l’étiquette La France insoumise, l’élue locale vise au rassemblement de tous les partis de gauche.

Agathe Mercante  • 3 octobre 2018 abonné·es
Farida Amrani : Évry, c’est reparti !
© photo : La future candidate pourrait affronter l’actuel maire de la ville.crédit : MARTIN BUREAU/AFP

Toute sa scolarité, elle a été déléguée de sa classe. Excepté une année. « En CP, j’ai perdu face à la fille du dentiste », se souvient-elle en souriant. Trente-cinq ans plus tard, en 2017, c’est une autre défaite qui a propulsé en pleine lumière Farida Amrani, candidate de la France insoumise (LFI) à l’élection législative dans la première circonscription de l’Essonne. Avec 73 voix d’écart (139 dont 66 entachées d’irrégularités, selon le Conseil constitutionnel), c’est son opposant, Manuel Valls, qui a obtenu le ticket d’entrée du Palais Bourbon. « C’était une campagne rude, nous avions 22 candidats », se souvient-elle.

Prise dans un tourbillon médiatique en raison de la notoriété de l’ancien Premier ministre, Farida Amrani, habitante d’Évry depuis 1997, affirme être retournée depuis à ses premières amours. « Les services publics sont une priorité pour moi », affirme la fonctionnaire territoriale, qui indique avoir repris son poste au sein de la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne dès le lendemain de la défaite. Un retour de courte durée, car déjà se dessine la perspective d’une seconde campagne. La candidature de Manuel Valls à la mairie de Barcelone a en effet rebattu les cartes. Alors que l’ancien Premier ministre vient de déposer sa démission, Farida Amrani fourbit ses armes avant de se lancer dans l’élection législative partielle, qui aura lieu d’ici à la fin de l’année 2018. « J’ai pris conscience peu avant l’été que Manuel Valls allait briguer Barcelone », explique Farida Amrani.

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Très investie sur le plan local, la jeune femme sait pourtant que la partie pour l’Assemblée nationale n’est pas gagnée. « Il va falloir rassembler les forces de gauche, engager des discussions sur ce qui nous rassemble et présenter un front uni », prédit celle qui n’est pas encore officiellement candidate. Europe Écologie-Les Verts, Parti socialiste, Parti communiste, Génération·s… Elle a d’ores et déjà contacté les représentants de ces partis et doit organiser des rencontres dans la semaine. Un travail de dentellière aux résultats incertains. À l’échelle nationale, rassembler les forces de gauche ressemble à une mission impossible. « Dans la première circonscription de l’Essonne, les choses sont plus simples, les problématiques territoriales que nous rencontrons nous rassemblent », assure-t-elle.

La question des alliances n’est pas la seule difficulté à laquelle sera confrontée la candidate de LFI. « Il va falloir convaincre les électeurs d’aller voter, un an après les dernières élections et maintenant que la séquence politique est terminée », soupire Farida Amrani. Elle disposera pourtant d’un soutien de poids : la machine France insoumise. Et son leader, Jean-Luc Mélenchon, pourrait bien lui prêter main-forte, comme il l’avait fait le 30 mai en venant prononcer un discours dans la circonscription. « Je pense qu’il reviendra », affirme la militante.

La démission de Manuel Valls désormais entérinée, Farida Amrani dispose de trois mois pour préparer l’élection partielle. Elle imagine déjà les protagonistes du combat à venir. Pour La République en marche, « ça pourrait être l’actuel maire d’Évry, Francis Chouat ». Elle n’en est pas à son coup d’essai face au successeur de Manuel Valls. En 2012, à l’occasion de discussions sur la réforme des rythmes scolaires, c’est lui qui l’a involontairement convaincue d’entrer en politique. « Vous n’avez qu’à vous présenter », avait-il lancé à celle qui n’était que représentante des parents d’élèves et militante CGT. Chiche ! Sa liste Front de gauche récoltera 15 % des votes au premier tour des municipales de 2014, 20 % au second. « C’est ce ton méprisant qui m’a décidée », avoue-t-elle quatre ans plus tard. Et c’est celui du gouvernement qui l’offusque aujourd’hui.

« En Essonne, nous subissons de plein fouet les textes présentés par la majorité », indique Farida Amrani : diminution des APL, baisse des revenus des retraités, loi de santé. Mais c’est avant tout sur l’éducation qu’elle aimerait mettre l’accent : « Le dédoublement des classes de CP n’apporte pas que des bonnes choses. Dans certaines écoles de la circonscription, il a fallu supprimer la bibliothèque pour créer une classe en plus. »

Si elle accède à l’Assemblée nationale, Farida Amrani rejoindra les rangs de LFI, en dépit de son adhésion au PCF. Elle ne prendra pas part au congrès qui se prépare, et confie s’apprêter à quitter le parti. Déliée de ses attaches communistes, elle risque pourtant de détonner au sein du groupe France insoumise. Syndiquée à la CGT depuis 2003, c’est aux côtés de la centrale qu’elle a choisi de défiler pour la Fête à Macron, le 6 mai dernier. Un choix assumé, quitte à faire jaser.

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