Intelligence artificielle : Le cheval de Troie du techno-libéralisme
Face aux promesses de l’intelligence artificielle, il devient urgent de cerner les transformations qui se dessinent, pour s’emparer du combat politique sur les choix « civilisationnels » qui s’avancent.
dans l’hebdo N° 1524 Acheter ce numéro
Des voitures qui conduisent seules et choisissent leur route. Un ordinateur qui sélectionne et auditionne le meilleur candidat pour une embauche. Un logiciel qui prescrit des traitements médicaux… Les promesses de l’intelligence artificielle, avec des machines désormais capables de se perfectionner d’elles-mêmes en s’appuyant sur des bases de données gigantesques, ont de quoi donner le tournis. Aux oracles d’une force prométhéenne qui délivrerait l’homme de ses contingences, comme aux prédicateurs du cataclysme, qui pronostiquent une prise de contrôle des machines sur le monde.
Passé le temps du vertige, il devient urgent de reprendre pied, d’aiguiser notre conscience et de cerner les transformations qui se dessinent, pour s’emparer du combat politique sur les choix « civilisationnels » qui s’avancent. C’est notamment ce à quoi nous invite le philosophe Éric Sadin. Car « l’intelligence artificielle », telle qu’elle s’immisce désormais dans nos vies, est le nom d’un projet bien humain. Pétri de certitudes à courte vue et d’intérêts pécuniaires, maquillés derrière une pluie de milliards déversés dans la recherche et l’innovation par les géants du numérique et par un goût certain pour la frime. Un projet de conformisme radical, doté d’une force de frappe inégalée, qui rend plus que jamais nécessaire l’ouverture d’un débat, pour l’heure confisqué. Pour que les avancées, bien réelles, de cette nouvelle révolution industrielle profitent au bien commun et pas au renforcement de l’emprise déjà considérable d’une poignée de « plateformes ».
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