Macédoine-Grèce : surpasser les nationalismes
L’ex-république yougoslave souffre depuis vingt-sept ans du harcèlement diplomatique de son voisin du sud. Mais, le 17 juin, les Premiers ministres de gauche Alexis Tsipras et Zoran Zaev ont enfin trouvé un accord.
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L’affaire s’apparente à une lutte picrocholine, une sombre querelle de clocher balkanique, où Grèce et Macédoine pourraient aussi bien s’appeler Syldavie et Bordurie. Indépendante depuis 1991, l’ex-république yougoslave, la seule qui n’ait connu aucun conflit sanglant dans la dissolution de l’État fondé par Tito, souffre pourtant depuis vingt-sept ans du harcèlement diplomatique de son voisin du sud, qui lui refuse l’usage de son nom, prétendument une exclusivité hellénique. Alors que la guerre faisait encore rage en Bosnie, Athènes a même soumis son voisin à un embargo de dix-huit mois, pour obtenir finalement… un changement de drapeau, qui affichait un symbole associé au royaume antique d’Alexandre le Grand, le « soleil de Vergina ».
Le 17 juin, les Premiers ministres de gauche Alexis Tsipras et Zoran Zaev ont enfin trouvé un accord (ce sera « Macédoine du Nord »). Le chemin est encore long, car tous deux doivent affronter de puissantes résistances jusqu’au-boutistes, y compris au sein de la coalition grecque. Après un quart de siècle de surenchères nationalistes stériles – au pouvoir, la droite macédonienne avait rebaptisé « Alexandre le Grand » l’aéroport de la capitale, Skopje –, leur détermination est rare, dans une Europe où les pays s’enfoncent dans des replis identitaires, dans des Balkans qui ont connu, dans les années 1990, le prix du sang qu’exige la voie ultranationaliste. La Grèce est le pays le plus pauvre de l’Union européenne, et la Macédoine, qui frappe à la porte, l’est trois fois plus.