Portugal : la leçon politique de Costa à Bruxelles
À rebours complet de l’austérité appliquée pendant trois ans par la tutelle des institutions financière, le gouvernement portugais a manié l’audace sans démesure : hausse des salaires, des retraites et des prestations sociales, abandon des privatisations en cours et coup d’arrêt à la baisse des contributions patronales.
dans l’hebdo N° 1525 Acheter ce numéro
Les Cassandre en sont pour leurs frais, qui prédisaient à Lisbonne le retour de bâton promis aux inconséquents qui s’écartent du dogme austéritaire en vigueur dans l’Union. Depuis trois ans, le pays poursuit un redressement qui l’a ramené du bord de la falaise au cercle des « fréquentables ». Deux agences de notation ont sorti sa dette souveraine de la catégorie « investissement spéculatif », désormais moins « à risque » qu’en Italie. Et le gouvernement prépare un budget 2019 à 0,2 % de déficit, équilibre « historique », jamais atteint en quarante ans.
Un « miracle » ? Le terme, récurrent, est un peu condescendant à l’endroit de l’habile équipe du socialiste Antonio Costa, au pouvoir depuis 2015. À rebours complet de la violente cure d’austérité appliquée pendant trois ans par la tutelle des institutions financières (de l’Union européenne notamment), il a manié l’audace sans démesure : hausse des salaires, des retraites et des prestations sociales, abandon des privatisations en cours et coup d’arrêt à la baisse des contributions patronales. Le taux de chômage est tombé à 6,7 %, la croissance reste prévue à un enviable niveau de 2,2 % pour 2019, les comptes publics se sont redressés. Certes, le retour des investisseurs a son revers (forte hausse des prix immobiliers, etc.) et il reste beaucoup à faire pour le social. C’est justement l’objet de la négociation actuelle entre Costa et ses alliés parlementaires de gauche, qui l’ont porté au gouvernement, dans la perspective d’un renouvellement de son mandat à l’occasion des législatives de 2019.