Qui a tué Mohammad Qader Dawoudzai ?
Le 20 octobre, le premier traducteur afghan de l’armée française a été tué dans un attentat. En 2015, il avait fait une demande de visa. Elle lui avait été refusée.
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Beaucoup d’entre vous avez sans doute exprimé un soulagement en apprenant que la France retirait ses derniers soldats d’Afghanistan. C’était un 31 décembre 2014 et notre pays mettait fin à sa participation à une guerre et à une occupation de treize ans, aux côtés des États-Unis. On sait qu’elles n’ont rien réglé. Elles ont même engendré de nouveaux processus destructeurs.
Ce qu’on sait moins, c’est que, pendant ces treize années, l’armée française a fait appel à des interprètes, dont les rapports militaires ont dit la grande efficacité. Pour déchiffrer des messages, en faire passer, mais aussi pour faciliter la relation avec la population afghane, majoritairement pacifique. Évidemment, notre armée est repartie et a laissé les Afghans dans leur cauchemar (c’est tout ce qu’il reste quand il n’y a plus de rêve). Mais les interprètes, que sont-ils devenus ? Comme les ouvriers et cuisiniers qui avaient été à la solde de nos pioupious, ils ont été abandonnés et livrés à la mort. Sur les 800 employés, près de 175 ont été acceptés en France. Les autres, tous les autres, ont vu leur demande rejetée par le gouvernement.
Samedi 20 octobre, le premier traducteur afghan de l’armée française a été tué dans un des nombreux attentats qui continuent d’ensanglanter le pays. En 2015, il avait fait une demande de visa. Elle lui avait été refusée. Sans explication. Il s’appelait Mohammad Qader Dawoudzai. Il avait déjà écrit au Parlement français pour alerter, dénoncer l’attitude des forces françaises et appeler au secours.
Les interprètes accueillis en France ont été solidaires de ceux de là-bas, qui, eux, essaient de se protéger. De la mort, qui plane au dessus de chaque rue de Kaboul, mais aussi des représailles directes, de celles qui menacent tout harki. Que les talibans les condamnent à mort, on peut l’expliquer. Que le gouvernement français, une fois de plus, abandonne ses supplétifs telles de misérables vies sans importance, on ne peut pas.
Dans une lithographie de commémoration de 14-18, le dessinateur Tardi met en scène un Poilu qui, depuis la fenêtre de sa tombe, observe le défilé officiel des gouvernants d’aujourd’hui. Il commente : « Tiens, voilà le centenaire qui passe, avec son cortège de ministres. Et dire que c’est pour ces ordures qu’on s’est fait trouer la peau ! » On sait maintenant ce que pense Mohammad Qader Dawoudzai.
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