Remaniement : un gouvernement ultra Macron

Après deux semaines de discussions et de supputations, l’Élysée a levé le voile sur le remaniement du gouvernement, mardi 16 au matin, par un simple communiqué.

Michel Soudais  • 16 octobre 2018 abonné·es
Remaniement : un gouvernement ultra Macron
© photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Tout ça pour ça. Après deux semaines de discussions et de supputations, l’Élysée a levé le voile sur le remaniement du gouvernement, mardi 16 au matin, par un simple communiqué. Ce minimalisme aura évité d’exposer sur le perron de l’Élysée le secrétaire général Alexis Kohler, visé par deux plaintes pour « prise illégale d’intérêt », « trafic d’influence » et « corruption passive ». Elle banalise également la portée d’un remaniement essentiellement technique puisque, comme l’a rappelé l’Élysée, « le mandat politique [de la nouvelle équipe] reste le même ». Il n’y a donc rien à attendre de ce jeu de chaises musicales qui aura surtout montré la difficulté d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe à composer une équipe pour conduire une politique de plus en plus impopulaire, plusieurs personnalités pressenties ayant publiquement fait connaître leur refus de rallier ce gouvernement.

Au final, ce remaniement d’ampleur modeste entérine sans surprise le départ de trois ministres et celle d’une secrétaire d’État inconnue, la nomination de huit nouveaux membres du gouvernement, et des changements de portefeuille ou des modifications d’attribution pour six membres. Si un ex-socialiste, Didier Guillaume, qui fut président du groupe PS au Sénat de 2014 à janvier dernier – il avait annoncé alors sa décision de « quitter la politique » –, remplace un ex-socialiste, Stéphane Travert, à l’Agriculture, le nouveau gouvernement conforte surtout le flanc droit de la majorité. Avec l’arrivée à la Culture de Franck Riester, un ex-LR qui siégeait dans le groupe Agir constitué de députés de droite « constructifs ». Avec le poids renforcé du MoDem, qui avait marqué quelque distance avec l’exécutif ces dernières semaines : Jacqueline Gourault, ministre sans attribution auprès de Gérard Collomb, hérite d’un grand ministère des Territoires – elle sera flanquée de deux ministres macroniens auparavant secrétaires d’État –, et Marc Fesneau, président du groupe parlementaire MoDem, est nommé ministre des Relations avec le Parlement. Il remplace à ce poste, qui n’était qu’un secrétariat d’État, Christophe Castaner, nouveau ministre de l’Intérieur.

Le patron de la République en marche – poste qu’il abandonne – y aura notamment pour tâche de procéder au très politique redécoupage électoral que prévoit la réforme constitutionnelle. Ce n’est pas la seule incongruité de ce remaniement. La directrice générale des affaires publiques de Danone, Emmanuelle Wargon, devient secrétaire d’État auprès du ministre chargé de la Transition écologique. La nomination d’une cheffe lobbyiste à ce poste prouve définitivement que le cap du macronisme est maintenu.

Politique
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