« Affaire de Bure » : dénonçons le scandale d’État et mettons fin aux contrôles judiciaires !
Dénonçant l’enquête pour « association de malfaiteurs » à Bure comme un « scandale d’État », plus de cents personnalités, parmi lesquelles Marie-Monique Robin, Jean-Luc Mélenchon, Eduardo Viveiros de Castro, Isabelle Stengers, Ludivine Bantigny, José Bové, Éric Hazan, William Bourdon, appellent à mettre fin aux contrôles judiciaires qui ciblent les personnes mises en examen, à la veille d’une audience en Cour de cassation le 28 novembre.
Jeudi 15 novembre l’ampleur monumentale de l’enquête pour « association de malfaiteurs » ouverte depuis juillet 2017 contre les opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure a été révélée (1).
Nous, signataires de cette tribune, considérons que derrière le masque d’une banale enquête pénale, une « affaire Bure » se profile. Les « techniques spéciales d’enquête » de la loi du 3 juin 2016 sur la « criminalité organisée et le terrorisme » servent en réalité à asphyxier la contestation du plus gros projet industriel français.
Une débauche de moyens est utilisée pour traquer les opposant.e.s : des milliers d’écoutes téléphoniques, balises GPS sous les voitures, géolocalisations, « valises espionnes », tentatives de pose de micro, analyses ADN, une vingtaine de perquisitions, saisie de centaines d’ordinateurs, téléphones et clés USB, dizaines de gardes à vue de 48 à 60 heures. 10 gendarmes travaillent quasiment à temps plein sur l’enquête au sein d’une « cellule Bure » spéciale. Le dossier d’enquête fait déjà plus de 10 000 pages, pour un coût de plusieurs centaines de milliers d’euros au moins, selon les opposant.e.s.
Sept personnes sont mises en examen et deux témoins assistés : deux administratrices du Réseau Sortir du nucléaire, un avocat, un maraîcher, et des personnes impliquées dans la Maison de Résistance et des associations locales. Depuis juin 2018, elles subissent des contrôles judiciaires scandaleux qui leur interdisent certaines portions du territoire national et les empêchent de rentrer en contact. C’est une atteinte aux libertés fondamentales et une manœuvre délétère pour broyer des vies et atomiser un mouvement.
Une telle surenchère de moyens pour nourrir un dossier qui semble vide sur les faits rappelle « l’affaire Tarnac ». Mais cette fois la cible n’est plus une hypothétique « cellule d’ultra-gauche » : c’est l’ensemble d’un mouvement de lutte et toute sa diversité d’acteurs, individus, collectifs et associations, qui se sont mobilisé.e.s au cours des dernières 25 années.
Nous dénonçons un scandale d’État. Cette « affaire Bure » constitue une nouvelle attaque sur les libertés publiques, une entrave à toute possibilité de contestation politique à l’aide des outils hérités de l’antiterrorisme, une menace de trop à l’encontre de fondements démocratiques.
C’est pourquoi nous, intellectuel.le.s, artistes, comédien.ne.s, élu.e.s, avocat.e.s, éditeurs.trices, cinéastes, humoristes, militant.e.s associatifs… :
• nous déclarons solidaires des « malfaiteur-e-s de Bure »
• appelons à stopper la criminalisation aberrante de cette lutte
• exigeons de mettre fin immédiatement aux contrôles judiciaires intolérables qui pèsent sur les personnes mises en examen.
Tout le monde est invité à signer massivement la pétition pour mettre fin aux contrôles judiciaires !
(1) Article de Libération du 15 novembre : « À Bure, le zèle nucléaire de la justice » / Article de Reporterre du 14 novembre : « À Bure, la justice sert à réprimer la lutte contre les déchets nucléaires» / Article de Mediapart « Bure : la Cour de cassation examine les entraves faites aux militants»
EN SAVOIR PLUS
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Signer l’appel : stopcriminalisationbure@riseup.net
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Signer la pétition « Affaire de Bure : Mettons fin aux contrôles judiciaires ! »
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Contact général : noussommestousdesmalfaiteurs@riseup.net
Premiers signataires :
Sara Aguiton, sociologue
Paul Ariès, politologue
Didier Aubé, commission écologie de Solidaires
Céline Astrié, metteure en scène
Clémentine Autain, députée LFI
Geneviève Azam, économiste
Johan Badour, éditeur
Bernard Barré, dessinateur
Jérôme Baschet, historien
Julien Bayou, porte-parole d’EELV
Ludivine Bantigny, historienne
Ugo Bernacilis, député LFI
Judith Bernard, metteure en scène
Olivier Besancenot, membre du NPA
Éric Beynel, porte-parole de Solidaires
Françoise Bloch, socio-anthropologue
Christophe Bonneuil, historien
William Bourdon, avocat
Bruno Boussagol, metteur en scène
José Bové, député européen
Vincent Brengarth, avocat
Isabelle Cambourakis, éditrice
Marion Carrel, sociologue
Yves Citton, co-directeur de la revue Multitudes
Jean-Baptiste Comby, sociologue
Isabelle Cambourakis, éditrice
Grégoire Chamayou, historien
Yves Cochet, directeur de l’Institut Momentum
Maxime Combes, économiste
Éric Coquerel, député LFI
Alexis Corbière, député LFI
Philippe Corcuff, politologue
David Cormand, secrétaire national d’EELV
Marie Cuillerai, professeure des universités
Déborah Danowski, philosophe
Didier Debaise, philosophe
Thierry Drumm, philosophe
François-Xavier Drouet, cinéaste
Jules Falquet, sociologue
Caroline Fiat, députée LFI
Jacques Fradin, économiste
Isabelle Frémeaux, artiste et activiste
Jean-Baptiste Fressoz, historien
Denis Gheerbrant, cinéaste
Barbara Glowczewski, anthropologue
Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de Solidaires
Anahita Grisoni, sociologue
Émilie Hache, philosophe
Éric Hazan, éditeur
Nicolas Haeringer, chargé de campagne à 350.org
Benjamin Hennot, réalisateur
Cédric Herrou, militant associatif
Clotilde Hesme, comédienne
John Jordan, artiste et activiste
Bastian Lachaud, député LFI
Rose-Marie Lagrave, sociologue
Anthony Lapia, producteur
Michel Larive, député LFI
Sandra Laugier, philosophe
Stéphane Lavignotte, pasteur et militant
Annie Lèchenet, philosophe
Michèle Lecolle, linguiste
Perinne Ledan, conseillère communale en Belgique
Inès Léraud, documentariste et journaliste indépendante
Catherine Libert, cinéaste
Camille Lucotte, avocate
Michael Lowy, chercheur
Christian Jacquiau, économiste
David Jamar, sociologue
Xavier Mathieu, syndicaliste et comédien
Isabelle Masson-Loodts, réalisatrice
Jean-Luc Mélenchon, député LFI
Hélène Merlin-Kajman, professeure des universités
Guillaume Meurice, humoriste
Corinne Morel Darleux, chroniqueuse et conseillère régionale
Danièle Obono, députée LFI
Albert Ogien, sociologue
Younous Omarjee, député européen LFI
Arnaud des Paillières, cinéaste
Mathilde Panot, députée LFI
Sylvain Piron, historien
Laurent Pinatel, secrétaire national de la Confédération Paysanne
Geoffrey Pleyers, sociologue
Christine Poupin, porte-parole du NPA
Philippe Poutou, membre du NPA
Loïc Prud’homme, député LFI
Geneviève Pruvost, sociologue
Adrien Quatennens, député LFI
Josep Rafanell i Orra, psychologue et écrivain
Jean-Hugues Ratenon, député LFI
Manuel Rebuschi, enseignant-chercheur
Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV
Muriel Ressiguier, députée LFI
Juliette Rouchier, économiste
Sabine Rubin, députée LFI
François Ruffin, député LFI et journaliste
Marie-Monique Robin, journaliste et réalisatrice
Anne Sauvagnargues, professeur de philosophie
Yves Sintomer, professeur de science politique
Isabelle Stengers, philosophe
Bénédicte Taurine, députée LFI
Jean-Louis Tornatore, anthropologue
Dénètem Touam Bona, chercheur
Aurélie Trouvé, économiste
Jean-Baptiste Vidalou, auteur de « Être forêts »
Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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