Élections américaines : les questions environnementales jouent un rôle sans précédent
D’après les journalistes spécialisés, de nombreux sièges des midterms vont se jouer sur des polémiques d’écologie et d’aménagement.
À la veille des élections partielles du 6 novembre (midterms), les journalistes américains spécialistes de l’environnement (Society of environmental journalists, SEJ) ont dressé une très longue liste des choix électoraux qui devraient ou pourraient améliorer la situation écologique. Celle-ci a été mise à mal par Donald Trump et les initiatives de l’Agence fédérale pour l’environnement, dotée avant l’été de son deuxième responsable depuis l’élection du nouveau Président, le premier n’ayant pas suffisamment mené à bien l’épuration des scientifiques dont les choix exaspèrent les sénateurs républicains.
Le SEJ parachève ainsi sa participation au débat électoral, au cours duquel il a appuyé les protestations des scientifiques, ce qui a en général aboutit, localement ou nationalement, au soutien des démocrates. Comme par exemple en Floride, avec le refus de la négation du réchauffement climatique des sortants ou les projets de forages pétroliers ou gaziers au large des côtes. Ces positions sont partagées par le candidat démocrate Andrew Gillum, qui pourrait devenir le premier gouverneur afro-américain de Floride.
Interdiction des forages pétroliers
Le résultat électoral de la première circonscription de la Caroline du Sud pourrait également tourner en faveur du candidat démocrate à la Chambre des représentants, qui fait également campagne pour l’interdiction des forages pétroliers dans cette région.
Dans la 7e circonscription de Virginie, pour avoir depuis longtemps systématiquement voté contre les textes visant à la protection de l’environnent, le candidat républicain pourrait perdre son siège de député. Il fait l’objet d’une opposition efficace pour ses positions niant les questions environnementales.
Dans le Colorado, le républicain pourrait perdre son siège en raison d’une opposition citoyenne réclamant que les forages et la fracturation pour l’extraction du gaz de schiste ne soient plus pratiqués à proximité des maisons et des écoles.
En Californie, les candidats s’écharpent sur la mise en place d’une réglementation plus rigoureuse pour les élevages d’animaux, notamment sur les dimensions des cages pour les poules. Et dans l’État de Washington, les candidats des deux bords sont confrontés à la proposition d’instaurer une taxe carbone. Elle prendrait effet en 2020 et serait ensuite graduellement augmentée. La prise de position claire d’un candidat démocrate pourrait favoriser son élection.
Basculement électoral
Dans le petit État du New Jersey, une coalition inhabituelle de groupes d’écologistes mène une vigoureuse campagne contre le titulaire républicain du siège, Tom MacArthur, pour toutes ses prises de positions environnementales, ce qui pourrait provoquer un basculement électoral en faveur de son concurrent démocrate Andy Kim.
Dans le 3e district du Minnesota, le républicain Erik Paulsen aura des difficultés à conserver son siège en raison de ses prises de position sur l’environnement et surtout pour son projet d’ouvrir de nouveaux sites miniers à proximité d’une rivière très touristique de l’État. Les convictions écologiques, pourtant nouvelles, de son adversaire démocrate pourraient permettre à ce dernier de l’emporter.
Dans la 24e circonscription de Californie, le républicain, qui se moque publiquement d’une possible influence humaine sur le réchauffement climatique dans une région à la pointe des décisions écologiques, pourrait payer ses provocations de son siège, en faveur du démocrate Harley Rouda, qui a fondé toute sa campagne sur des affirmations opposées.
Commentaire des confrères spécialisés : « Un changement d’élus, au niveau national comme au niveau régional, pourrait aboutir à un changement du pays dans les domaines environnementaux. Car ceux qui contrôlent les législatures pourraient faire respecter les lois environnementales et même les renforcer. » Une prise de position qui est tout à fait nouvelle et qui bénéficie du soutien d’une grande association américaine, le Sierra Club, fondée en 1892 et regroupant près de 3 millions de membres. C’est la première fois que les considérations écologiques prennent une telle importance dans une bataille électorale aux États-Unis.
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