COP 24 : les États au sommet de la mauvaise foi
En Pologne, aucun accord ambitieux pour diminuer davantage les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 n’a pu être conclu.
dans l’hebdo N° 1532-1534 Acheter ce numéro
La COP 24 s’est achevée le 15 décembre à Katowice (Pologne) et a laissé un goût amer aux plus lucides. Un mode d’emploi fixant notamment les modalités de suivi des actions nationales a été adopté par les 196 États, mais aucun accord plus ambitieux pour diminuer davantage les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025, ce qui laisse peu d’espoir de s’inscrire dans une trajectoire compatible avec un réchauffement à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle. De nombreux grains de sable se sont glissés dans les rouages pendant ces deux semaines. Même ceux qu’on croyait d’un autre temps, puisque les États-Unis, l’Arabie saoudite, la Russie (les trois premiers producteurs mondiaux de pétrole) et le Koweït se sont unis pour atténuer une référence au rapport du Giec sur la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5 °C.
« Qu’est-ce qui est si dérangeant dans notre rapport (commandé par les gouvernements lors de la COP 21 et approuvé par ces mêmes gouvernements lors de la dernière session plénière du Giec) pour que quatre gouvernements puissent ne même pas “approuver” ses conclusions ? » s’est alarmée sur Twitter Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail sur les sciences du climat du Giec. Le verdict de la plupart des ONG est sévère. « Les États se dérobent devant leurs responsabilités » selon le Réseau action climat, « les États tournent le dos aux attentes des populations » selon Greenpeace, « les États répondent par un désengagement coupable » selon Attac France, qui appelle « à un sursaut politique pour enterrer les politiques économiques qui ne sont ni climato-compatibles ni justes socialement ». Mais Brune Poirson, elle, est satisfaite. La secrétaire d’État à la Transition écologique affirme dans un communiqué que « les trois éléments essentiels à l’obtention d’un accord satisfaisant ont été atteints : la confiance, la solidarité, l’ambition. L’accord de Paris est notre feuille de route, notre contrat social pour le XXIe siècle ».
Un cumul d’affronts envers les pays plus vulnérables qui jouent leur survie. « C’est la 24e COP, et nous n’avons toujours pas de meilleure prise sur la situation, j’ai l’impression qu’il y a une déconnexion avec certains pays et aussi avec le public », a confié Mohamed Nasheed, ex-président des Maldives, qui menait la délégation de son pays. Le Polonais Michal Kurtyka, qui présidait la COP 24, l’a clôturée par un saut de joie depuis la table sur laquelle il était monté. Risible et grotesque, surtout si on imagine qu’il tente de franchir le gouffre qui se creuse encore un peu plus entre la réalité du réchauffement climatique et l’action politique.