Feu vert de Trump à une offensive turque contre les Kurdes
Le retrait des 2 000 soldats étatsuniens positionnés dans le nord de la Syrie comporte, dans les circonstances actuelles, de nombreux risques.
On devrait normalement se réjouir de la décision de Donald Trump, annoncée le 19 décembre, de retirer les troupes américaines de Syrie au prétexte que Daech serait définitivement vaincu. Dans la grande tradition pacifiste, le retrait des États-Unis d’une zone de guerre pourrait même représenter un événement exceptionnel.
Mais les temps changent, et les situations sont infiniment plus complexes qu’à l’époque de la guerre du Vietnam, pour ne citer que cet exemple. Le retrait des quelque deux mille soldats étatsuniens positionnés dans le nord de la Syrie comporte, dans les circonstances actuelles, de nombreux risques. C’est un double cadeau offert à Vladimir Poutine, qui s’est d’ailleurs empressé de qualifier de « juste » la décision de son ami Trump, et à Recep Tayyip Erdogan qui ne manquera pas d’interpréter la décision de la Maison Blanche comme un feu vert à l’élimination des Kurdes syriens. Ceux-ci étant pour l’instant « protégés » par la présence américaine.
Le ministre turc de la Défense a aussitôt affirmé que son pays travaillait « d’une manière intense » au sujet de la présence des YPG (la branche armée du Parti de l’union démocratique, kurde syrien) dans le nord de la Syrie, et notamment dans la ville de Minbej. Avant d’ajouter cette formule sans ambiguïtés : « En temps et lieu voulus, ils seront enterrés dans les fosses qu’ils creusent. »
D’un point de vue géostratégique, Trump livre donc la Syrie à la domination russe, et d’un point de vue militaire, il sacrifie cyniquement les Kurdes qui ont été ses alliés dans la lutte contre Daech. Ce qui provoque aux États-Unis de vives critiques jusque dans le camp républicain, ainsi qu’au Royaume-Uni, où l’ont souligne qu’il n’est pas vrai que Daech soit complètement vaincu.
Mais le Président américain, comme toujours, cherche à flatter ses électeurs, dont beaucoup ignorent probablement jusqu’à l’existence du peuple kurde.
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