Quentin Ghomari et Marc Benham : Un duo libre et partageur
Quentin Ghomari et Marc Benham explorent les sons et les styles, entre surprises et simplicité.
dans l’hebdo N° 1531 Acheter ce numéro
La musique est jeu avant tout. C’est ce que le pianiste Marc Benham et le trompettiste Quentin Ghomari semblent vouloir nous rappeler à travers leur très beau Gonam City. Une trajectoire duale qu’ils dessinent avec l’inventivité de ceux qui ont énormément écouté, de tout, et joué beaucoup, dans les formats les plus divers (du big band au solo), adoptant les styles les plus variés : classique, électro, variété, jazz d’hier et d’avant-garde.
Un éclectisme savant qui se traduit en douze déclinaisons de leur talent dialogique. À deux, ils s’inventent un monde de circulation tout en finesse à travers l’histoire du jazz, des années 1920 à nos jours. Ils se retrouvent sur un amour partagé pour les standards mais refusent de se sentir « écrasés » par leur mémoire chargée. Très naturellement, ils optent pour le décloisonnement, la fluidité, et laissent faire leurs imaginations croisées, alternant reprises et compositions dans la connivence et la continuité. Une écoute absolue et une confiance réciproque permettent d’optimiser la situation, sur scène comme dans l’enregistrement.
La musique suit un fil transparent, tout en nuances et sans télescopage, où chacun explore au plus loin les possibles de ses instruments. Ghomari, aux trompettes et bugle, joue des sourdines, des coulisses ou des pistons dans un dialogue intense et dépouillé avec Marc Benham, dont le piano aux 102 notes offre, notamment, des réserves de graves inouïes. Leur relecture de « Petite Fleur » (Sidney Bechet) ou « Celia » (Bud Powell), standards parmi les standards, est d’une simplicité réjouissante. Une approche qui favorise le surgissement d’effets de surprise dans les sonorités choisies ou le vertige des harmonies. Ainsi naviguent ces doux héros du jazz, indiquant le chemin vers une précieuse cité en partage.
Gonam City, Neuklang/Pias, concerts les 16 et 17 février à l’auditorium du conservatoire de Saint-Cloud (92).