Cesare Battisti : une vengeance froide des extrêmes droites
Trente-sept ans après sa fuite d’Italie, l’ancien membre des « Prolétaires armés pour le communisme », 63 ans, est entré dans une prison spéciale où il finira probablement ses jours.
dans l’hebdo N° 1536 Acheter ce numéro
Des deux côtés de l’Atlantique, l’extrême droite au pouvoir a bruyamment jubilé, avant même l’arrivée à Rome le 14 janvier de l’ancien membre des « Prolétaires armés pour le communisme ». « Après tant d’années, l’Italie peut se réjouir : Battisti va maintenant pourrir en prison jusqu’à la fin de ses jours ! », a tonitrué Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien, en réponse au message du fils du président brésilien Bolsonaro : « Le petit cadeau va bientôt arriver ! »
Accusé de deux doubles meurtres – qu’il a toujours niés –, évadé de prison en 1981, Cesare Battisti rejoint d’abord la France, les pieds dans la neige, dans la tradition des opposants à Mussolini. Ce qu’il a mis en scène dans ses polars à succès dans les années 1990. Après des années passées au Mexique, il revient en France suite à la parole d’État de François Mitterrand de ne pas extrader les anciens activistes armés transalpins. Une « doctrine Mitterrand » qui satisfait grandement alors les gouvernements italiens, en mettant fin à l’engrenage de la violence…
Or en 2002, Paris revient partiellement sur son engagement, d’abord en extradant un ancien membre des Brigades rouges, Paolo Persichetti. Puis par un jugement de 2004 autorisant l’extradition de Battisti, qui reprend sa cavale, cette fois vers le Brésil, où Lula lui garantit l’asile durant plus de dix ans. L’arrivée au pouvoir à Brasilia du fasciste Bolsonaro le 1er janvier dernier a changé à nouveau la donne. Et ce, dans le plus grand silence de la France. Trente-sept ans après sa fuite d’Italie, Battisti, 63 ans, est entré dans une prison spéciale où il finira probablement ses jours, pour des faits datant de plus de quarante ans, pendant ces « années de plomb » où l’extrême droite assassinait dans les lieux publics, dans une « stratégie de la tension », pour faire accroître la demande sécuritaire…
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