Coup de gueule devant le siège social de Google à Paris
Mardi 8 janvier, des militants du Parti communiste ont manifesté devant les portes du siège social de Google France, pour protester contre l’évasion et l’optimisation fiscales qui feraient perdre 80 milliards d’euros au pays chaque année.
Quatre-vingts milliards d’euros. C’est ce que l’évasion et l’optimisation fiscales feraient perdre à la France chaque année. Cette estimation, issue d’un rapport du syndicat Solidaires Finances publiques publié en 2018, était reprise ce midi par les quelques dizaines de militants communistes qui se sont réunis devant les portes du siège de Google France.
À l’appel de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, ils venaient manifester leur colère contre la firme américaine après les récentes révélations de Reuters sur l’optimisation fiscale qu’elle pratique. « Cette action fait comprendre à l’opinion que c’est un vrai problème, commente Jean-Pierre Leroux, militant du Xe arrondissement de Paris. Quand je vois les gilets jaunes qui réclament davantage de pouvoir d’achat et de service public, je me dis que si on avait cet argent, on pourrait développer dans les territoires davantage d’hôpitaux, d’écoles et avoir des services publics qui fonctionnent bien. »
« Mettre au PAS les multinationales »
Mais c’est surtout pour s’entretenir avec Sébastien Missoffe, directeur général de Google France, que cet événement « symbolique » a été organisé. « La direction que nous avons rencontrée est prête à appliquer la loi telle qu’elle serait dans notre pays. Aujourd’hui, ils utilisent des moyens légaux qui permettent l’optimisation fiscale. C’est pourquoi il est urgent de légiférer et d’avoir une loi qui permette à ces multinationales de payer leurs impôts en France », a expliqué Fabien Roussel à l’issue de cette rencontre. La solution est toute trouvée pour ce dernier : « Il faut mettre au PAS les multinationales », c’est-à-dire leur appliquer le prélèvement à la source (PAS) mis en place depuis le 1er janvier 2019 pour les particuliers.
Si la question se pose aujourd’hui en France, elle doit impérativement être élargie à l’échelle européenne, pour les communistes. L’évasion fiscale représenterait « plus de mille milliards d’euros dans l’Union européenne, soit dix fois plus qu’en France », affirme Ian Brossat, porte-parole du PCF et tête de liste aux européennes. Des pays européens comme l’Irlande ou le Luxembourg « se comportent comme des paradis fiscaux et nous tirent dans les pattes à coup de dumping fiscal, c’est inacceptable ». D’autant plus que ces mêmes pays n’ont pas été inscrits dans la « liste noire » des paradis fiscaux établie par l’UE. Une harmonisation est nécessaire.
En mars 2018, le projet de « taxe Gafa » prévoyait de taxer les entreprises du numérique réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires par an au niveau mondial, dont 50 millions d’euros au sein de l’UE, à hauteur de 3 % de leur chiffre d’affaires. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, s’était engagé à mener à bien ce projet face à une Allemagne réticente. Mais pour Pierre Laurent, ancien secrétaire national du PCF, « ce ne sont que des miettes » puisque cette taxe « ne rapportera même pas 250 millions d’euros ». Les élections européennes du 26 mai prochain permettront, peut-être, de relancer la dynamique.
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